Côte d’Ivoire: un podcast pour donner la parole aux femmes journalistes, premières victimes du cyberharcèlement

Des journalistes ivoiriennes prenant part au podcast.

Le 03/09/2023 à 14h15

VidéoLe métier de journaliste est en constante évolution, les mots sont des armes et la vérité une quête incessante. Mais la Toile a également son côté sombre: le harcèlement des femmes journalistes aussi bien en ligne que dans la vraie vie. Elles témoignent.

L’avènement des médias sociaux a ouvert de nouvelles opportunités pour la diffusion d’informations, mais a également donné naissance à un environnement toxique où les journalistes, surtout les femmes, sont souvent ciblés par des campagnes de harcèlement en ligne.

Les commentaires haineux, les menaces de violences sexuelles, la diffusion de fausses informations et la création de faux comptes sont devenus monnaie courante. Cette violence virtuelle a des conséquences réelles sur la santé mentale et émotionnelle des femmes journalistes, les poussant parfois à l’autocensure par peur de représailles.

Il est impératif de prendre des mesures concrètes pour mettre fin au cyber harcèlement des journalistes. C’est dans ce combat que s’inscrit la plateforme des journalistes boursières de l’Union africaine. La plateforme a réuni les jeunes journalistes et ceux en apprentissage autour d’un podcast à l’Université Félix Houphouët Boigny de Cocody. Il s’agissait de les prévenir, de les informer de la réalité du harcèlement et l’intimidation dont sont victimes les journalistes femmes dans l’exercice de leurs fonctions. L’objectif est également de les doter d’outils de lutte contre ce phénomène.

«Digital Dada est un podcast axé sur la violence en ligne contre les femmes et la sécurité numérique. Il vise à changer les discours et les perceptions selon lesquels la violence en ligne n’est pas une vraie violence. Grâce aux conversations avec des femmes journalistes et des dirigeantes du monde entier qui ont été victimes de ce type de violence, nous avons initié ce podcast qui vise à inculquer la culture de la sécurité numérique et encourager des conversations saines pour un cyberunivers plus sûr et féministe», a expliqué Cecilia Maundu, journaliste Kenyane, invitée du jour.

Et à Randohle Abonzan de témoigner, «à mes débuts, j’ai été victime alors que je travaillais pour un tabloïde en qualité de journaliste-stagiaire au service politique au point de changer de poste en me convertissant aujourd’hui en journaliste de radio confessionnelle», s’indigne la panéliste du jour.

Vu la proportion que prend le phénomène dans la vie quotidienne des professionnels des médias, la question mérite une attention particulière à telle enseigne qu’il faille l’intégrer dans les modules de formation ou d’enseignement?

«Le sujet est d’actualité, c’est vrai ! Il est au cœur de la société et plusieurs jeunes dames journalistes en sont victimes, mais à chaque fois ce sont les preuves qui font défaut. C’est vrai qu’il n’y a pas de matière spécifiquement dédiée à la question du harcèlement dans nos modules de formation, cependant il existe des cours sur le traitement de l’actualité durant lesquels les enseignants peuvent ouvrir une brèche pour sensibiliser les étudiant(e)s sur le phénomène», a répondu Professeur Kra Raymond, Enseignant-chercheur au département de communication de l’Université Félix Houphouët Boigny.

La lutte contre le harcèlement des femmes journalistes ne concerne pas seulement la profession journalistique, mais aussi l’ensemble de la société. C’est un combat pour la préservation de la liberté d’expression, de l’égalité des genres et de la démocratie.

Alors que les femmes journalistes continuent de se battre pour leur cause, il est important que les uns et les autres leur apportent le soutien nécessaire en les aidant à défendre leur droit à exercer leur métier sans craintes ni entraves.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 03/09/2023 à 14h15