L’organisation régionale a convoqué samedi un nouveau sommet extraordinaire afin de discuter de «la politique, la paix et la sécurité dans la République du Niger», a-t-elle annoncé la veille dans un communiqué, ainsi que « les récents développements dans la région ».
«Nous devons revoir notre approche quant au retour de l’ordre constitutionnel chez quatre de nos pays membres», a déclaré en introduction le président nigérian Bola Ahmed Tinubu qui assure la présidence de la Cedeao, en référence au Mali, au Burkina Faso, au Niger et à la Guinée, tous dirigés par des régimes militaires.
La Cedeao est mise à l’épreuve par les velléités de retrait du Niger, du Mali et du Burkina Faso de l’organisation ouest-africaine, ainsi que par la crise politique que connaît le Sénégal depuis le report de l’élection présidentielle par le chef de l’Etat Macky Sall.
Le président sénégalais, qui n’avait pas assisté au précédent sommet, est cette fois-ci présent, deux jours après avoir annoncé qu’il achèverait son mandat à l’expiration de celui-ci le 2 avril mais sans avoir fixé de nouvelle date pour l’élection présidentielle.
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Le scrutin devait initialement se tenir le 25 février mais le président Macky Sall l’a repoussé début février, plongeant le Sénégal dans l’une des pires crises politiques de son histoire post-indépendance, suscitant une vive préoccupation dans les rangs de la Cedeao.
Bras de fer
Le Niger, le Mali et le Burkina Faso, qui ont notamment tourné le dos à la France et se sont rapprochés de la Russie, se sont regroupés au sein d’une Alliance des Etats du Sahel (AES).
Mi-février, le chef du régime militaire nigérien, le général Abdourahamane Tiani, a évoqué la possible création d’une monnaie commune avec le Burkina Faso et le Mali, comme une «étape de sortie» de la «colonisation».
L’annonce du retrait burkinabè, nigérien et malien de la Cedeao, suscite l’inquiétude de centaines de milliers de ressortissants de ces pays, particuliers ou commerçants.
La Cedeao garantit en effet aux citoyens des 15 pays membres de pouvoir voyager sans visa et de s’établir dans les pays membres pour y travailler ou y résider.
A la suite de la prise du pouvoir à Niamey par des militaires fin juillet 2023, qui ont renversé le président élu Mohamed Bazoum, la Cedeao a imposé de lourdes sanctions économiques et financières au Niger: suspension des transactions financières, fermeture des frontières, gel des avoirs de l’Etat...
Ces sanctions ont durement éprouvé ce pays sahélien où le taux de pauvreté extrême dépasse les 40% selon la Banque mondiale.
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La Cedeao avait d’abord menacé le nouveau régime à Niamey d’une intervention militaire, avant de faire marche arrière.
Depuis le coup d’Etat à Niamey, les tentatives de discussion entre le nouveau régime militaire et la Cedeao ont échoué.
Levée des sanctions?
Niamey est notamment inflexible sur la libération du président déchu Mohamed Bazoum, retenu prisonnier avec son épouse depuis le 26 juillet, posée comme condition sine qua non d’un allègement des sanctions par l’organisation ouest-africaine.
Mais le nouveau régime a consenti début janvier à libérer Salem Bazoum, le fils de l’ex-président, transféré au Togo.
La dernière réunion des membres de la Cedeao remonte au 9 février lorsqu’ils avaient appelé à la «réconciliation» avec les régimes militaires du Niger, du Mali et du Burkina Faso.
Mercredi, l’ancien président nigérian et cofondateur de la Cedeao, Yakubu Gowon, a exhorté les dirigeants ouest-africains à envisager la «levée de toutes les sanctions imposées au Burkina Faso, à la Guinée, au Mali et au Niger».
Il a également appelé le Burkina Faso, le Mali et le Niger à reconsidérer leur décision de quitter l’organisation.