Sénégal: l’Etat encore piégé par Adama Bigtogo, ancien ministre de Ouattara

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Le 31/01/2019 à 09h53, mis à jour le 31/01/2019 à 09h56

Après les 12 milliards de Fcfa qu’il avait encaissés comme indemnisation après l’annulation du marché des visas biométriques exigés à l'entrée sur le territoire, Adama Bigtogo se sert, cette fois-ci, de l’Université Amadou Makhtar Mbow de Diamniadio pour obtenir une nouvelle indemnisation.

Moins de deux ans après avoir empoché 12 milliards de francs Cfa comme dédommagement dans l’annulation du marché de la confection des visas biométriques que l’Etat du Sénégal avait lancé, l’homme d’affaire ivoirien, Adama Bictogo est cette fois-ci cité dans un autre scandale financier.

Il s’agit de la construction de l’université Amadou Makhtar Mbow de Diamniadio, que le gouvernement sénégalais vient de retirer à sa société, Marylis BTP, filiale du Groupe Snedai.

Ayant constaté le retard enregistré dans les travaux de construction de l’Université Ahmadou Makhtar Mbow de Diamniadio, le président sénégalais, Macky Sall, avait demandé la résiliation du contrat avec la société Marylis BTP, en charge de la réalisation de cette bâtisse.

C’était à l’occasion de l’inauguration des Sphères ministérielles de Diamniadio, ces nouveaux bâtiments destinés à accueillir la plupart des ministères du gouvernement. 

Pour rappel, la première phase des travaux de cette université devait être livrée en octobre 2017.

«Les travaux sont en cours à l’Université Amadou Makhtar Mbow de Diamniodio où il y a 9 bâtiments qui sont engagés avec certains dont les gros œuvres sont terminés en ce moment. Il n’y aura pas de difficultés pour ouvrir en octobre 2017. La première phase des travaux sera livrée en 2017, ce qui permettrait à l’Université Amadou Makhtar Mbow de démarrer avec la rentrée académique de cette année-là, en attendant la fin du reste des travaux, prévue pour octobre 2018», avait annoncé le ministre de l’Enseignement supérieur, Mary Teuw Niane, voici déjà deux ans, en septembre 2016. 

Mais après cette déclaration rassurante, et qui date désormais, les travaux de cette université, qui devrait accueillir 3. 000 étudiants, traînent encore.

Du côté de l’entreprise d’Adama Bigtogo, on menace de solliciter l’arbitrage de Paris, et on parle même de «responsabilités partagées entre les deux parties».

«Je voudrais d’abord m’inscrire en faux à l'encontre de cette information erronée publiée par le journal Libération, pour dire qu’on continue de travailler sur le chantier. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que depuis pratiquement neuf mois, nous sommes en négociation de réévaluation avec le gouvernement sénégalais», indique un communiqué de l’entreprise.

«Au mois de juin, j’ai rencontré les autorités sénégalaises, notamment le ministre des Finances et le ministre de l’Enseignement supérieur pour leur dire [que] le projet [était] sous-évalué. Il nous est difficile de continuer la construction de l’Université, qui était initialement prévue sur 128. 000 mètres carrés, et on se retrouve à construire 250 000 mètres carrés, soit une augmentation de 50 % de surface à construire», soutient également Adama Bigtogo.

Mais selon certains professionnels du bâtiment et des travaux publics, cet «Ivoirien cherche à obtenir du Sénégal une réévaluation du projet initialement arrêté à 60 milliards de francs Cfa ».

Cette thèse est également soutenue par un spécialiste du bâtiment, qui dément lui aussi les assertions de l’homme d’affaire ivoirien.

«C’est scandaleux! Parce que la première chose à faire dans un projet pareil, c’est l’étude des sols. Donc, il le savait bien, avant de s’engager. Il ne cherche qu’un avenant », précise ce spécialiste averti... 

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 31/01/2019 à 09h53, mis à jour le 31/01/2019 à 09h56