Sénégal: les enquêteurs de l’IGE sur les trousses des Wade et leur gestion du Fesman

A gauche Sindiély Wade, l'unique fille de l'ancien président Abdoulaye Wade

A gauche Sindiély Wade, l'unique fille de l'ancien président Abdoulaye Wade. DR/

Le 20/05/2017 à 11h26, mis à jour le 20/05/2017 à 11h34

«105 milliards de francs Cfa (160 millions d’euros) avaient été engloutis dans un Festival de danse», avait ironiquement lancé le président Macky Sall, alors que les organisateurs du Fesman avançaient un budget de 5 milliards de francs Cfa. C'est à l'IGE désormais d'éclairer la situation.

A peine l’ex-président de la République Abdoulaye Wade a annoncé son retour au Sénégal pour participer aux prochaines élections législatives, que le Président Macky Sall commence à faire d’inquiétantes révélations sur la gestion du Festival mondial des arts nègres (Fesman).

Selon l’actuel président du Sénégal, le Fesman qu’il appelle ironique «un festival de danse», dont l’organisation demandait initialement 5 milliards de francs Cfa, aurait englouti «150 milliards de francs Cfa». La révélation est d’autant plus troublante que l’organisation de cet évènement, qui s’est déroulé en 2011, était confiée à Sindiély Wade, l’unique fille du président Abdoulaye Wade.

Ce festival avait réuni à Dakar 145 artistes venus de plusieurs pays du monde. Cependant, les écarts entre la somme annoncée et l’enveloppe finale du Fesman, sont aussi importants que le président Macky Sall a saisi l’Inspection générale de l’Etat (IGE) pour enquêter sur sa gestion.

«L’Inspection générale de l’Etat (IGE) a été commise par l’Etat du Sénégal pour voir de fond en comble comment le troisième Festival mondial des arts nègres (Fesma 3) s’est déroulé», a fait savoir Mbagnick Ndiaye, le ministre de la Culture et de la communication. Il réagissait, ce jeudi 18 mai à l’Assemblée nationale, à une question orale que lui avait adressé le député Bocar Biaye qui paraît préoccupé par la somme exacte dépensée dans l’organisation du Fesman 3.

Par ailleurs, Mbagnick Ndiaye se dit être, en ce moment, «incapable de se prononcer sur les chiffres car l’IGE est en train de mener des investigations». Quand l’enquête sera bouclée, un rapport sera ainsi remis au président Macky Sall qui pourra décider des suites à donner à ce dossier.

Concernant le remboursement des créances par l’Etat, le ministre de la Culture a précisé que, «l’Etat du Sénégal devra rembourser les créanciers disposant des contrats, de bons de commandes en bonne et due forme». Ensuite en cas de faute, «compte tenu de la réglementation et de la gestion financière, il peut y avoir des sanctions qui peuvent en découler si cela est avéré», a précisé Mbagnick Ndiaye.

Reddition des comptes ou chasse aux sorcières

Le mot «sanction» est ainsi lâché par Mbagnick Ndiaye, le ministre de la Culture et de la communication. Cette troublante révélation sur la gestion du Fesman est faite au moment où l’ex président Abdoulaye Wade annonce son arrivée à Dakar pour participer aux élections législatives du 30 juillet 2017.

Beaucoup de sénégalais sont troublés par la coïncidence entre la réouverture de l’enquête sur la gestion du Fesman et l’annonce faite par le président Abdoulaye Wade.

Et pour cause, il se trouve que Sindiélly Wade, la fille du président Abdoulaye Wade, était en charge de l’organisation de cet évènement culturel. Et qu’à chaque fois qu’un opposant au président Macky Sall annonce ses ambitions politique, l’IGE se lance à ses trousses.

Les exemples ne manquent pas. On peut citer les cas de Karim Wade et de Khalifa Sall, le maire de Dakar et ses collaborateurs qui sont écroués dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie. 

Par Mamadou Awa Ndiaye (Dakar, correspondance)
Le 20/05/2017 à 11h26, mis à jour le 20/05/2017 à 11h34