Côte d’Ivoire: la tontine sexuelle chez les jeunes fait des ravages à l’école

La Tontine sexuelle en Côte d'Ivoire.

Le 18/03/2023 à 09h15

VidéoCes dernières années, le milieu scolaire est en proie à un phénomène peu orthodoxe qui ternit l’image du système éducatif ivoirien. La tontine sexuelle, une pratique malsaine a fait irruption dans le comportement des élèves, pris de l’ampleur et ronge à petit feu les bonnes mœurs dans le milieu scolaire.

Le phénomène faisait rage, par le passé, dans certains pays voisins de la Côte d’Ivoire. Mais aujourd’hui, la tontine sexuelle a fait son apparition dans plusieurs établissements scolaires de la capitale ivoirienne.

En effet, cette pratique malsaine consiste pour des groupes d’adolescents à lever régulièrement des fonds, qu’on peut estimer à environ 2.000 FCFA par jour et par individu, dans une caisse commune et à tour de rôle, un membre du groupe utilise l’argent récolté pour avoir des rapports sexuels avec des filles dans un hôtel, une résidence meublée ou dans un endroit de leur choix.

«L’école ivoirienne va mal ! L’argent de tontine ne sert plus à acheter des livres, mais plutôt pour la dépravation des mœurs (…). Pis, ce sont des élèves et non plus des adultes qui la pratiquent. C’est un cancer dans le milieu scolaire. Le temple du savoir devient un temple sexuel. Une femme ne s’offre pas», déplore la psychopédagogue, Pohan Odile, et spécialiste des questions de société en Côte d’Ivoire.

Les raisons qui poussent les élèves qui, au lieu de se consacrer entièrement aux études pour réussir leur vie, à s’adonner à de telles pratiques sont multiples et diverses. «C’est à l’adolescence qui se prépare la maturité sexuelle et à cette période le corps développe un désir. Cependant, les parents et tout le système ne font dans la prévention à l’endroit des enfants. Car en Afrique en général, la question de l’éducation sexuelle est perçue comme un sujet tabou. Alors les enfants copient les sales habitudes au dehors. Ces enfants, sages à la maison à qui les parents interdisent la visite d’amis, courent à la moindre occasion à la perversité», explique la psychopédagogue.

Avant d’ajouter que «la société est devenue spectatrice passive d’une grande dégradation de mœurs, d’une mauvaise transformation de la sexualité qui devient libertinage. De nos jours, les jeunes adoptent des conduites à risque et aiment s’adonner aux interdits».

A cela il faut ajouter les envies, les désirs, la recherche du gain facile, le m’as-tu-vu, l’avènement des nouvelles technologies avec tous ses corolaires qui favorisent l’accès facile aux sites pornographiques etc.

Il y a bien évidemment des conséquences qui découlent de ces comportemments, notamment les grossesses non désirées en milieu scolaire, la perversité, les vices, les maladies sexuellement transmissibles etc. «Il y a certaines filles qui évitent de contracter des grossesses en pratiquant la sodomie et plus tard dans les foyers ce sont des problèmes en à point finir. Et cela change la valeur de l’amour car la bestialité prend de plus en plus de la place», révèle Pohan Odile.

Même s’il est difficile d’éradiquer voire de venir à bout de ce fléau dans le milieu scolaire, il est néanmoins important d’accentuer la sensibilisation dans les écoles autour des dangers qu’ils peuvent engendrer sur le système immunitaire et les conséquences sur les études et la vie future.

Mais également il est important d’échanger avec ceux qui en pratiquent à l’effet de déceler les raisons qui les y entrainent. «Le corps d’une femme est la matière première de sa vie, il faut donc qu’elle apprenne à le préserver. Mais si dès le bas âge elle l’offre à plusieurs personnes à la fois, serait-elle satisfaite par un seul homme plus tard quand elle sera au foyer?» conseille la spécialiste.

Il est donc grand temps que les choses changent car le développement que l’Afrique espère ne vient qu’avec de bonnes valeurs. C’est sans compter tous les dangers auxquels ces jeunes filles et jeunes hommes s’exposent chaque jour.

C’est un mal parmi tous ceux qui minent la jeunesse. Les raisons sont multiples à avoir la dislocation de la cellule familiale, les difficultés économiques, la perte de valeurs etc. Les parents et gouvernement, censés prendre des mesures drastiques pour contrecarrer le mal, ont non seulement démissionné de leur responsabilité, mais semblent également ignorer l’existence d’un concept immonde faisant déjà des ravages sous nos tropiques.


Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 18/03/2023 à 09h15