Après avoir essuyé un refus catégorique d’un nouveau gros prêt du Fonds monétaire international (FMI), les autorités tunisiennes ont décidé de passer à la vitesse supérieure pour plaire à l’institution de Breton Woods et bénéficier d’un nouveau prêt de 4 milliards de dollars nécessaire pour faire face à une situation financière délicate du pays.
Avec des finances publiques taries, le gouvernement tunisien de Najla Bouden n’aurait pas lésiné sur les réformes à entreprendre pour plaire au FMI et ainsi espérer débloquer un nouveau prêt de l’institution financière.
Ainsi, tout un programme aurait été concocté à cet égard et présenté à l’UGTT (Union générale tunisienne du travail) de Noureddine Taboubi, la centrale syndicale incontournable pour toute réforme touchant les fonctionnaires et leur niveau de vie, par la cheffe du gouvernement.
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Et malheureusement, les exigences du FMI touchent essentiellement ces domaines. L’institution financière exige une série de réformes à même de réduire le niveau du déficit budgétaire. Parmi elles, la réduction du nombre de salariés de la fonction publique, la fin des subventions pour les produits de première nécessité, la maîtrise du déficit budgétaire…
Si tous les gouvernements ont jusqu’à présent échoué à mener les réformes exigées par le FMI, la nouvelle équipe dirigée par Najla Bouden semble décidé à aller jusqu’au bout et ce, malgré l’impopularité des mesures à mettre en place.
Ainsi, parmi les celles annoncées figure, selon Tunisie Numérique, en premier lieu, le gel des salaires jusqu’en 2024. Autrement dit, il n’y aura pas d’augmentation des salaires durant cette période. Cela permettra aux autorités de freiner la hausse du coût de la masse salariale colossale de la fonction publique.
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Ensuite, les autorités sont décidées à mettre fin aux subventions publiques. Celles-ci seront remplacées par des allocations à destination des familles nécessiteuses. Sur ce point, environ 210.000 familles démunies seront ciblées par des aides directes qui remplaceront les subventions sur les produits de premières nécessités qui bénéficient aujourd'hui à toute la population, sans distinction du niveau de vie.
En outre, le gouvernement aurait décidé de s’attaquer au pléthorique nombre de d'employés de la fonction publique tunisienne. En effet, la baisse de ses effectifs a été l’une des revendications du FMI. Toutefois, tous les gouvernements qui se sont succédé ont échoué sur ce point crucial pour réduire le déficit budgétaire abyssal de la fonction publique. Pire, à cause des recrutements vitaux dans certains secteurs (santé, sécurité et éducation), cette masse salariale ne cesse d’augmenter d’année en année.
En effet, avec une population de 12 millions d’habitants, la Tunisie compte autour de 700.000 fonctionnaires, soit environ 6% de la population du pays.
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Il faut souligner que les méthodes utilisées jusqu’à présent et visant à encourager les départs volontaires ont échoué. Et c’est logique que dans un contexte économique et social difficile.
Et cette fois-ci encore, le projet du gouvernement prévoit un dispositif de départs volontaires massifs. Reste à savoir comment les autorités vont s’y prendre pour encourager les fonctionnaires à choisir cette option. Une chose est sûre, il faudra que le plan concocté à cet égard soit alléchant. Et malheureusement, dans ce cas de figure, ce sont les fonctionnaires expérimentés qui quittent leur emploi...
Enfin, il est question également de coupes dans les salaires des fonctionnaires dans le but de réduire la masse salariale colossale qui plombe le budget de l’Etat.
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En dépit de ces mesures draconiennes, il semblerait que le secrétaire général de l’UGTT serait favorable à certaines d'entre elles, si impopulaires soient-elles, dans le but d’aider les autorités à entreprendre les réformes nécessaires exigées par le FMI. Il faut dire que le chef de la centrale syndicale avait été tancé par les autorités qui l’ont taxé de constituer un obstacle aux réformes jugées nécessaires pour permettre à la Tunisie de bénéficier des concours des bailleurs de fonds, notamment du FMI, indispensables pour redresser son économie moribonde depuis plus d’une décennie.
La situation financière du pays est effectivement critique. Durant ces derniers mois, il a été question à plusieurs reprises de l’impossibilité du Trésor à faire face au versement des salaires. Les emprunts nationaux ont permis de renflouer un peu les caisses de l’Etat pour faire face aux dépenses budgétaires. De plus, et c’est très inquiétant, l’Etat tunisien doit faire face aux échéances de remboursement du service de la dette qui vont saigner ses avoirs extérieurs.
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A cause d’une diplomatie de renfermement et d’isolement, les autorités tunisiennes se sont mises tous les bailleurs de fonds, ou presque, à dos. Même les pays du Golfe rechignent à leur débloquer des aides et prêts. Sans compter les Etats-Unis et l’Union européenne qui attendent le rétablissement démocratique pour ouvrir les vannes.
Face à cette situation, le pays ne peut compter que sur sa population et ses entreprises via les emprunts nationaux. Seulement ceux-ci ne peuvent permettre aux autorités de faire face aux échéances des services de la dette qui tombent à cette fin d’année et nécessitent des devises.