Tunisie: pourquoi une prolongation exceptionnelle de l’état d’urgence?

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Le 07/03/2018 à 12h37, mis à jour le 07/03/2018 à 12h39

L’état d’urgence a été prolongé de 7 mois par le président tunisien Béji Caïd Essebsi. Une période exceptionnellement longue qui s'explique par plusieurs raisons.

Après avoir consulté le chef du gouvernement et le président du Parlement, le président tunisien Béji Caïd Essebsi a décidé de prolonger l’état d’urgence pendant 7 mois à compter du 12 mars courant.

Il s’agit du plus long prolongement de cette mesure d’exception depuis son instauration en 2015 à la suite d’une série d’attentats meurtriers qui ont endeuillé la Tunisie et particulièrement touché les touristes étrangers. L’Etat d’urgence accorde plus de pouvoirs aux forces de l’ordre et permet aux autorités d’interdire les grèves, réunions et manifestations dans le pays.

Cette nouvelle prolongation exceptionnelle s’explique par plusieurs raisons. D’abord, avec cette mesure, l’Etat tunisien fait comprendre que l’insécurité est loin d’être totalement éliminée. En effet, les menaces terroristes demeurent encore importantes même si le pays n’a pas connu d’attentats terroristes d’envergure depuis ceux de 2015 et 2016 qui ont touché le Musée du Bardo à Tunis, la plage de la station balnéaire de Sousse, le bus de transport de la garde présidentielle à Tunis et les installations sécuritaires de Ben Guerdane à la frontière libyenne. En effet, la situation en Libye et le retour de milliers de jihadistes de Syrie et de l’Irak constituent une menace pour la sécurité du pays.

Ensuite, cette prolongation de sept mois englobe la période estivale, synonyme de tourisme pour la Tunisie. Après une dure période marquée par l’impact des troubles sécuritaires et qui a mis à genou le secteur touristique, l'un des poumons de l'économie tunisienne, les visiteurs sont enfin revenus. En 2017, le nombre de touristes en Tunisie a battu un record en dépassant la barre des 7 millions. Le gouvernement souhaite continuer à rassurer les visiteurs étrangers jusqu’à la fin de l’été prochain. 

En outre, en prolongeant durant une période aussi longue, le gouvernement couvre la période des élections municipales et le mois de ramadan, souvent marqués par des attentats terroristes. Rappelons que les élections municipales, plusieurs fois repoussées, sont prévues le 6 mai, alors que le mois ramadan devrait débuter mi-mai.

Enfin, en prolongeant l’état d’exception pour une aussi longue période, la présidence tunisienne explique vouloir éviter les «polémiques» à répétition avec les ONG comme Amnesty International qui déplorent notamment les «arrestations arbitraires» que permet cet état d’exception.

Par Karim Zeidane
Le 07/03/2018 à 12h37, mis à jour le 07/03/2018 à 12h39