L'Union européenne très inquiète quant à l'avenir économique de l'Algérie

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Le 03/01/2021 à 16h50, mis à jour le 04/01/2021 à 16h28

L'Union européenne a, dans une note confidentielle, mis le doigt sur les principaux problèmes de l'Algérie notamment l'absence de statégie économique.

C'est ce qu'on appelle littéralement une bombe à retardement, mais que les économistes de l'Union européenne préfèrent décrire plus pudiquement comme le "pays le plus instable en Afrique du Nord après la Libye". C'est l'Algérie telle que peinte dans une analyse datant de juin 2019 et réalisée par "un expert français qui avertit la délégation de l’Union européenne à Alger contre les conséquences cauchemardesques d’un effondrement économique" du pays le plus peuplé de la région.

La note dont le site d'information Algérie Part affirme détenir une copie met en exerge "les principales faiblesses et origines des fragilités financières et économiques qui menacent l’Algérie". Ainsi, Hervé Bougault, son auteur et alors directeur de l’Agence française de développement (AFD) d’Alger, estime que "L’Algérie est un pays qui risque la faillite et pourrait emporter dans sa chute toute la stabilité régionale".

Pourtant, quand cette note avait été élaborée en juin 2019, l'Algérie avait encore plus de 80 milliards de dollars de réserves de change et le prix du pétrole était entre 65 et 70 dollars. Que dire quand, un an et demi plus tard, l'Algérie reconnaît que ses réserves de change à 29 milliards de dollars ne couvrent plus que 8 mois d'importations et que le baril de brent consolide autour de 50 dollars le baril. C'est dire que la situation est autrement plus exploisive qu'elle ne l'est actuellement.

Parme les faiblesses algériennes figure notamment l'absence de ministère de l'Economie, le pays se contentant des portefeuilles de l'Energie, de l'Industrie et des Finances, sans se soucier réellement de se planification économique.

"Faute d’une stratégie globale, le gouvernement rencontrerait des difficultés pour porter un nouveau modèle de croissance économique. Cette absence rend difficile le dialogue en matière de politique économique avec l’Union européenne", souligne la note confidentielle produite quatre mois seulement après le déclenchement du Hirak, le mouvement de contestation qui a fait chuté le président Abdelaziz Bouteflika en avril de la même année.

C'es d'ailleurs la raison pour laquelle la note mettait le doigt sur la déconnexion entre "le Hirak et les enjeux économiques qui sont, pourtant, déterminés pour l’avenir de l’Algérie", rappelle Algérie Part en évoquant la même source. 

De plus, la purge qui a suivi la chute du régime Bouteflika a refroidi les ardeurs des investisseurs privés comme des acteurs du public de peur d'avoir maille à partir avec une justice constamment aux ordres. Ainsi, au sein de l'administration centrale algérienne, il n'était plus question de prendre des initiatives pour contribuer à redresser l'économie.

Ainsi, la note expliquait que les directeurs centraux "ne signent pas de nouveaux marchés publics, les banquiers sont frileux et suspendent leurs financement et les douaniers ne dédouanent pas de peur d’être accusés de surfacturation".

Du coup, elle recommandait des réformes jugées urgentes pour éviter le pire à l'Algérie à cause d'une crise économique et financière aux conséquences potentiellement désastreuses. Car, l'Algérie dépendant de l'importation de produits de première nécessité, pourrait se retrouver avec des pénuries. Il pourrait en découler des troubles sociaux qu'il sera difficile de pallier pour un pays au bord du gouffre.

En outre, "la note appelle à ce que les futures réformes soient axées sur la promotion de la transparence et la modernisation de l’administration, la modernisation du secteur bancaire sous-développé ainsi que la révision de la rente des moudjahidine".

Evidemment, le principal problème de l'Algérie demeurent ses dirigeants, un club de gérontocrates incapables de se projeter sur les réalités du 21ème siècle qui exigent une série de réformes urgentes à mettre en oeuvre dont la diversification d'une économie dont l'unique socle reste le pétrole.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 03/01/2021 à 16h50, mis à jour le 04/01/2021 à 16h28