Egypte: pourquoi Moody’s a relevé la note du pays à «B2»

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Le 01/05/2019 à 14h19, mis à jour le 01/05/2019 à 14h31

Moody’s vient de relever la notation de l’Egypte de «B3» à «B2» avec une perspective «stable». A travers ce relèvement de la note souveraine égyptienne, l'agence de notation salue les résultats des réformes économiques et financières entreprises par le pays.

Les performances économiques et financières de l’Egypte sont saluées par les institutions financières et les agences de notation. Dernière en date, l’agence de notation Moody’s a relevé la note du pays, libellée en devise étrangère de «B3» à «B2» avec une perspective stable.

Cette révision de la note de l’Egypte marque la confiance de l’agence de notation suite aux réformes économiques et financières entreprises par l’Egypte au cours de ces dernières années.

Elle reflète une confiance envers l’économie égyptienne du fait de la disponibilité accrue de liquidités financières après la situation difficile qu’a connue le pays au cours de ces dernières années, consécutive au printemps arabe et à l'insécurité qui s'en est suivie après la révolution de 2011, entraînant une chute des réserves en devises du pays et réduisant, par ricochet, les capacités du pays à faire face aux déséquilibres extérieurs.

Elle se justifie aussi par la nette amélioration des indicateurs macroéconomiques de l’économie égyptienne, dont l’amélioration du taux de croissance, la réduction du déficit budgétaire, l’amélioration du compte courant, etc.

A titre d’exemple, le taux de croissance de l’économie égyptienne devrait s’établir au dessus des 5,5% en 2019 et 2020, selon les projections de plusieurs institutions financières (FMI, Banque Mondiale, BERD, etc.) et d’agences de notation, dont Moody’s, soit le taux de croissance le plus élevé de la région MENA.

D'autre part, pour le groupe égyptien de services financiers Beltone, l’économie égyptienne devrait même afficher une croissance de 6% au titre de l’année en cours.

Cette dynamique économique est le fait de plusieurs facteurs dont les réformes entreprises au cours de ces dernières années (réformes fiscales, baisse des subventions, etc.) qui ont permis de réduire considérablement le niveau du déficit budgétaire.

De même, la forte dépréciation de la livre égypienne, décidée en 2016, a permis d'attirer des investissements directs étrangers plaçant le pays au premier rang des récepteurs d’IDE du continent avec 6 à 7 milliards de dollars.

En outre, le bon comportement du secteur touristique, qui bénéficie d’une baisse notable de l’insécurité contribue à redynamiser l'économie égyptienne.

Les arrivées de touristes ont ainsi cru de 38% en 2018, comparativement à l'année précédente; et l'Egypte table même sur 14 millions de visiteurs en cette année 2019. 

Par ailleurs, les impacts positifs des récentes découvertes de gaz avec des productions en forte hausse du champ gazier de Zohr se font de plus en plus sentir sur l'économie égyptienne.

Enfin, les importants investissements dans les infrastructures, dont un programme de construction de 20 villes de 4e génération qui devront, à terme, accueillir 30 millions d’habitants et plusieurs méga-zones industrielles en cours de réalisation boosteront, sans conteste, l'économie égyptienne.

Cette croissance a contribué à la baisse notable du taux de chômage, tombé à 8,9% en décembre 2018, soit son plus bas niveau depuis 2010.

Toutefois, l’endettement égyptien demeure une source d’inquiétude. Celui-ci s’est établi à 92,6% en 2018 et devrait tomber, selon Moody's, à moins de 80% au terme de l’exercice 2020-2021.

Le pays a, du reste, annoncé un nouveau programme d’endettement de plusieurs dizaines de milliards de dollars.

Autre facteur d’inquiétude: le niveau d’inflation à deux chiffres qui réduit le pouvoir d’achat des égyptiens tout en appauvrissant davantage les laissés-pour-compte de cette nouvelle dynamique économique.

La baisse de celui-ci pourrait aider la Banque centrale d’Egypte à réduire progressivement les coûts de ses emprunts et donc stimuler, en conséquence, l’investissement et la consommation, assurant ainsi une croissance du PIB encore plus forte dans les années à venir.

Un tel cas de figure pourrait permettre à l’Egypte d’améliorer davantage son rating et sortir des notes à long terme, «très spéculatives», de Moody’s.

Par Moussa Diop
Le 01/05/2019 à 14h19, mis à jour le 01/05/2019 à 14h31