Congo Brazaville: la dette publique largement sous-estimée, selon Global Witness

DR

Le 28/01/2020 à 08h33, mis à jour le 28/01/2020 à 08h35

La dette du Congo-Brazzaville, qui affole le Fonds monétaire national (FMI), pourrait s’alourdir avec les dettes de la société d’État pétrolière SNPC envers les multinationales Total, Chevron et Eni, révèle le rapport d’une ONG anti-corruption publié lundi.

“La dette publique de la République du Congo pourrait dépasser les 12,5 milliards de dollars (…). Cela représente plus d’un tiers supplémentaire par rapport aux estimations publiées par le FMI en juillet 2019”, résume l’ONG Global Witness.“La principale entreprise d’État congolaise, la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) a contracté un minimum de 2,7 milliards de dollars de dettes jusque-là confidentielles auprès de géants pétroliers, notamment Total, Chevron et Eni, selon notre analyse de ses comptes vérifiés”, développe Global Witness.“Le passif de la SNPC pourrait devenir celui de l’État et entraîner des conséquences désastreuses”, conclut Global Witness, qui s’inquiète des conséquences pour la population. “Des milliers de retraités ne touchent plus leur pension depuis des années, certains hôpitaux manquent continuellement de moyens”.

L’ONG anti-corruption voit également des “signaux d’alerte majeurs de corruption” et de “mauvaise gestion” à travers “des millions de dollars de fonds manquants” dans les comptes de la SNPC.Ces comptes “attestent que 156 millions de dollars de dividendes destinés à l’unique actionnaire de la SNPC – l’État – auraient disparu entre 2016 et 2018”.“Les comptes révèlent enfin qu’Eni, géant pétrolier italien coté en Bourse, aurait passé plus de 280 millions de dollars de dettes de la SNPC par pertes et profits dans le cadre du renouvellement de plusieurs permis”, selon Global Witness.“Global Witness a récemment dévoilé que la fille et le fils du président congolais, lui-même ancien directeur-général de la SNPC, auraient blanchi jusqu’à 70 millions de dollars de fonds publics”, rappelle l’ONG.

Après de longues négociations, le FMI a accordé en juillet à Brazzaville 448,6 millions de dollars de “facilité élargie de crédit” pour relancer son économie plombée par la chute des cours du pétrole depuis 2014, la mauvaise gestion et la corruption.Le FMI avait annoncé en décembre avoir reporté le versement d’une deuxième tranche de 48 millions de cette aide.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 28/01/2020 à 08h33, mis à jour le 28/01/2020 à 08h35