Zambie: le candidat d'opposition Hichilema remporte la présidentielle

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Le 16/08/2021 à 07h16, mis à jour le 16/08/2021 à 07h53

Le chef de l'opposition zambienne Hakainde Hichilema, 59 ans, a remporté l'élection présidentielle dans le pays d'Afrique australe, avec plus de 2,8 millions de voix, a annoncé la commission électorale dans la nuit de dimanche à lundi.

L'opposant historique, surnommé "HH", bat ainsi de près d'un million de voix le président sortant Edgar Lungu qui dirige le pays depuis 2015, grâce à une forte participation et sur fond d'inflation et de difficultés économiques.

"Je déclare Hakainde Hichilema président élu de la République de Zambie en ce 16 août", a annoncé Esau Chulu, président de la commission, vers 2h30 du matin devant la presse.

Hichilema, homme d'affaires autodidacte surnommé "HH", a remporté un total de 2.801.757 suffrages contre 1.814.201 pour Lungu, a-t-il précisé.

Une victoire nette alors que cette course était donnée serrée depuis des semaines.

Une seule de 156 circonscriptions du pays d'Afrique australe n'a pas officiellement été dépouillée mais la commission a estimé que quels que soient ses résultats, cela "ne risquait pas d'influer" sur la victoire de Hichilema.

Quelques bouchons de champagne ont sauté dans la salle où se trouvaient des parlementaires proches de "HH" alors que des coups de klaxons se multipliaient dans les rues alentours débordant de monde.

C'était la troisième fois que Hichilema affrontait Lungu dans les urnes. En 2016, il avait perdu de seulement 100.000 voix.

La participation, très forte à plus de 70%, confirme l'engouement pour ce scrutin, durant lequel certains bureaux sont restés ouverts jusqu'à 05H00 du matin pour permettre aux électeurs faisant la queue depuis la fin d'après-midi de voter.

"Fêtez votre victoire!"

Dans la capitale Lusaka, des centaines de partisans s'étaient déjà rassemblés plus tôt dans la soirée, notamment devant la maison de Hichilema.

Habillés de rouge, couleur de son parti l'UPND, ils ont dansé, klaxonné, fêté la victoire avant même les résultats définitifs, tant "HH" semblait assuré de l'emporter.

Charles Melupi, un porte-parole de l'opposition, avait appelé dimanche matin le président sortant à "agir en homme d'Etat" et à admettre "rapidement" sa défaite "pour que le processus de passation de pouvoir et de réconciliation de ce pays puisse commencer".

Pendant tout le week-end, les équipes de Lungu, 64 ans, et de son rival historique "HH", que la rue appelle aussi "Bally", un terme affectueux désignant un père ou un aîné, avaient chacune donné leur champion gagnant.

En attendant les résultats définitifs, les Zambiens se sont interrogés sur les intentions de Lungu.

Samedi soir, la présidence avait annoncé que le parti au pouvoir, le Front patriotique (PF), réfléchissait à des recours possibles dans trois provinces traditionnellement acquises à l'opposition, estimant que le vote y avait été "caractérisé par des violences", rendant "l'exercice nul".

Melupi avait jugé ces accusations "infondées". "Préparez-vous à fêter votre victoire!", avait-il lancé, s'adressant aux Zambiens.

Hichilema avait appelé au calme dans la matinée: "La victoire est en vue et j'aimerais demander le calme à nos partisans".

"Nous avons voté pour le changement, pour une Zambie meilleure, libérée de la violence et de la discrimination. Soyons le changement pour lequel nous avons voté", avait-il tweeté.

Il a rendu visite dans l'après-midi à l'ancien président zambien Rupiah Banda. Ils ont évoqué "un large éventail de questions relatives au bien-être de notre peuple", a ensuite tweeté Hichilema, postant une photo montrant les deux hommes assis face à face dans des canapés en cuir.

La campagne a largement porté sur les difficultés économiques et l'inflation dans ce pays riche en cuivre, qui a été le premier du continent à avoir fait défaut sur sa dette depuis le début de la pandémie.

Lungu, avocat de formation, est critiqué pour avoir emprunté de façon déraisonnable, notamment auprès de créanciers chinois, pour financer une frénésie de projets d'infrastructures. Mais aussi pour son attitude de plus en plus inflexible à l'égard de l'opposition depuis son arrivée au pouvoir en 2015.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 16/08/2021 à 07h16, mis à jour le 16/08/2021 à 07h53