H. Adeline ne décolère pas. Il y a quelques jours, la quadra a acheté le même médicament dans deux pharmacies à des prix différents. «La différence de prix était de plus de 5.000 francs CFA. Pour le même produit! Comment est-ce possible? Qu’on m’explique!», fulmine-t-elle. Sylvain A, qui s’est également retrouvé dans la même situation, préfère désormais en acheter dans les pro-pharmacies qu’il «trouve moins chers».
Tous deux, comme beaucoup d’autres, dénoncent la surfacturation des médicaments pratiquée dans les officines et les pharmacies des hôpitaux. Une pratique «contraire à la politique des prix, à l’éthique et à la déontologie», ainsi qu’à la «politique d’accès aux soins et services prônée par le président de la République», affirme le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie.
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Face aux récriminations des populations, le ministre enjoint les établissements pharmaceutiques à se conformer au prix homologué des médicaments distribués et dispensés dans le pays, rappelant que ceux-ci sont définis par son département ministériel à travers la Commission nationale du médicament.
Cette commission est chargée d’étudier les demandes d’homologation des produits pharmaceutiques et de proposer au ministre en charge de la Santé publique, «des avis économiques, techniques ou scientifiques» en vue de la mise sur le marché desdits produits.
De même, «les médicaments importés directement par les établissements de dispensation après obtention d’une dérogation spéciale d’importation doivent être vendus au prix agréé par le ministère de la Santé publique», précise le membre du gouvernement dans une lettre-circulaire du 3 janvier 2020 adressée aux délégués régionaux de son ministère, aux directeurs des hôpitaux publics, des hôpitaux privés et des établissements de distribution en gros des produits pharmaceutiques, ainsi qu’aux pharmaciens d’officine, et qui a fuité sur Internet.
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Du côté des officines, l’on affirme que le fournisseur est à l’origine de la différence des prix des médicaments d’une pharmacie à une autre.
«On a deux fournisseurs (Laborex et Ubipharm, Ndlr) au Cameroun. En fonction de comment ils achètent leurs produits, on peut trouver un produit moins cher chez un fournisseur par rapport à l’autre. C’est pour cela qu’on essaye généralement d’avoir un fournisseur préférentiel sur certains produits que sur d’autres. Malheureusement, avec les contrats de départ, on peut se retrouver avec l’un ou l’autre fournisseur», affirme un pharmacien d’officine sous le couvert de l’anonymat.
Selon ce spécialiste du médicament, en fonction de «l’exclusivité» également, une officine peut se retrouver à vendre uniquement les produits achetés chez un fournisseur en particulier, même s’il les a achetés quatre fois plus chers. Et cela se ressent sur le prix du médicament vendu en pharmacie. En outre, «d’autres font des commandes directes, c’est-à dire qu’ils vont directement acheter le médicament en Europe. Là, c’est clair que les prix vont s’envoler», assure notre interlocuteur.