Côte d’Ivoire: après l’accalmie, les interrogations

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Le 09/01/2017 à 11h32, mis à jour le 09/01/2017 à 12h22

Passées les heures chaudes de la grogne des soldats ivoiriens, vient le temps des interrogations. Des prémices de mécontentement couvaient depuis quelques mois. Pourquoi ces signes avant-coureurs n'ont-ils pas alerté?

Y-a-t-il eu des dysfonctionnements dans la chaîne de commandement? Les soldats avaient-ils d’autres moyens pour se faire entendre? On en est encore à s’interroger sur les failles de la Grande muette qui ont permis d’exposer au grand jour le malaise des hommes en armes.

La première réaction politique vient du RDR -Rassemblement des républicains-, le parti du président Alassane Ouattara, qui réclame des sanctions contre la hiérarchie. «Pourquoi les soldats sont obligés d'avoir recours au président de la République pour trouver une solution à leurs problèmes de primes? N'ont-ils pas d'interlocuteurs directs capables de donner des réponses satisfaisantes à leurs préoccupations liées à leurs conditions de travail?», a questionné Joël N’Guessan, le porte-parole du parti, dans une déclaration.

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«Que vaut la chaîne de commandement au sein de notre armée quand les soldats sont obligés de se mutiner pour trouver solution à leurs problèmes? Certaines personnes n'ont pas joué leurs rôles et/ou n'ont pas suffisamment pris leurs responsabilités. Et par leur faute, la stabilité et la paix sociale de notre pays ont été menacées ces derniers jours» a-t-il fustigé.

Ces bruits qui couraient

Tout porte à croire que les autorités, du moins la hiérarchie militaire, avaient eu vent de bruissements dans les rangs depuis quelques mois. Dans une vidéo postée sur Youtube début septembre dernier, l’on aperçoit le lieutenant-colonel Wattao, commandant en second de la Garde républicaine (la GR, unité d’élite en charge de la sécurité du président et des institutions) mettre en garde ses troupes contre tout soulèvement pour cause de revendication.

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Il faut dire que les forces armées ivoiriennes sont en pleine mutation. Après la crise post-électorale de 2011, nombres d’officiers supérieurs ont été écartés et des milliers de combattants de l’ex-rébellion ont été intégrés dans les rangs à différents échelons, en vue de bâtir un nouvel instrument de défense. Une greffe qui n'a manifestement pas encore donné les fruits escomptés. «Pourquoi la bonne et juste information sur les questions de primes et de conditions de travail des militaires n'a pas été traitée à temps et pour qu’on en arrive à ce que les soldats se soulèvent?», s’étonne N’Guessan.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 09/01/2017 à 11h32, mis à jour le 09/01/2017 à 12h22