Côte d’Ivoire: Alassane Ouattara dissout le gouvernement et reconduit Gon Coulibaly

Alassane Ouattara, président ivoirien, et Henry Konan Bédié, président du PDCI.

Alassane Ouattara, président ivoirien, et Henry Konan Bédié, président du PDCI.. DR

Le 04/07/2018 à 15h11, mis à jour le 04/07/2018 à 15h13

Le président Alassane Ouattara a dissout ce mercredi 4 juillet le gouvernement ivoirien. Un changement qui intervient dans un contexte de crise avec son principal allié au pouvoir, le PDCI.

Dans une déclaration lue ce mercredi en fin de matinée, le secrétaire général de la présidence ivoirienne, Patrick Achi, a annoncé la signature de deux décrets. L'un met fin à la mission du Premier ministre et du gouvernement. L'autre annonce la reconduction de l’actuel chef du gouvernement Gon Coulibaly.

Gon Coulibaly s’est en outre vu chargé de former «une équipe gouvernementale constituée de personnalités issues du RHDP et de la société civile».

Ce changement au sommet de l’Etat intervient alors qu’une crise couve entre le RDR et le PDCI, les deux principaux alliés au RHDP, l’alliance politique au pouvoir. En effet, alors que le président ivoirien avait pressé le PDCI, l’ex-parti au pouvoir, d’adhérer à la constitution du parti unifié du RHDP, ce dernier avait choisi le 17 juin, de différer sa décision après l’élection présidentielle de 2020. Au centre de cette divergence de vues, l’alternance entre les deux partis en 2020, le PDCI espérant voir le RDR d’Alassane Ouattara se désister en sa faveur.

Une décision qui n’a certainement pas enthousiasmé le chef de l’Etat qui selon la rumeur est en froid avec l’ex-président Henri Konan Bédié, le patron du PDCI.

Hasard de calendrier ou pas, en début de semaine, des ministres PDCI avaient conduit une délégation chez Konan Bédié à l’effet de l’amener à infléchir la position du parti sur le RHDP. Ces derniers qui se sont vu opposer une fin de non-recevoir ont décidé de créer, hier mardi, un courant politique interne au parti.

Dénommé «Sur les traces du président Houphouët-Boigny», le mouvement dirigé par le désormais ex-ministre des Ressources animales et halieutiques et ex-porte-parole du parti, Kobenan Kouassi Adjoumani, se défini comme un «mouvement à l’intérieur du PDCI favorable au RHDP».

Alassane Ouattara avait expressément prévenu que les partis politiques du RHDP, qui n’adhéreraient pas aux textes du parti unifié RHDP, seraient exclus de la future équipe gouvernementale. Ira-t-il jusqu’au bout de sa logique? Il reste donc à savoir si le PDCI, qui comptait douze ministres dans le dernier gouvernement fera partie de la prochaine équipe ou s’il va voir une réduction de son effectif. A moins que la part belle soit faite à ses ministres «frondeurs», favorables au RHDP.

Le prochain gouvernemental donnera un avant-goût de la bataille qui se jouera pour la future présidentielle.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 04/07/2018 à 15h11, mis à jour le 04/07/2018 à 15h13