Une fois la liesse populaire accompagnant son retour retombée, l'ex-chef de l'Etat (2000-2011), âgé aujourd'hui de 77 ans, a rapidement affiché sa volonté de jouer le jeu de la réconciliation.
En juillet 2021, il s'est d'abord rendu à Daoukro (centre), chez Henri Konan Bédié, ex-président jadis rival et désormais son allié.
Quelques semaines plus tard, il était reçu par le président Alassane Ouattara, une première depuis leur duel à la présidentielle de 2010 qui avait débouché sur une crise meurtrière.
L'accolade chaleureuse entre les deux hommes laissait entrevoir «des lendemains heureux» comme l'espérait alors la presse.
«L'esprit de revanche, pour un républicain, ça ne marche pas. Pour Laurent Gbagbo, la Côte d'Ivoire passe au-dessus de tout», affirme à l'AFP, Justin Koné Katinan, un de ses fidèles lieutenants.
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Après des années d'incarcération à la Haye, accusé puis acquitté par la Cour pénale internationale de crimes contre l'humanité, le «Woody» (garçon, un de ses surnoms) a toutefois voulu reprendre toute sa place dans le jeu politique ivoirien.
En octobre, alors qu'il lance le Parti des peuples africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI), une nouvelle formation politique panafricaniste de gauche, il assure vouloir continuer la politique jusqu'à sa mort.
Mais si la plupart des cadres du Front Populaire ivoirien (FPI), son parti historique l'ont suivi dans cette aventure, quelques poids lourds manquent à l'appel: parmi eux, Simone Gbagbo, ex-Première dame dont il a demandé le divorce et Pascal Affi N'Guessan son ancien Premier ministre avec lequel il est en rupture politique.
«On pensait que sa sortie de prison allait le booster, mais ça n'a pas été aussi facile, Il n'a pas su être le rassembleur de la gauche ivoirienne», pointe l'analyste politique Arthur Banga.
"Pas à la retraite"
Depuis lors, outre quelques piques contre le troisième mandat controversé de son successeur, Gbagbo se garde généralement de tirer à boulets rouges sur le pouvoir actuel.
«A part deux trois saillies lors de visites à l'intérieur du pays, ce n'est pas le foudre de guerre qu'on attendait», confirme Arthur Banga.
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Début juin, les députés de son camp ont même voté en faveur d'Adama Bictogo, le candidat de la majorité, à l'élection du président de l'Assemblée nationale.
«Nous ne sommes pas une opposition dogmatique», avait alors justifié Hubert Oulaye, un de ses fidèles lieutenants et patron du groupe PPA-CI à l'Assemblée.
«Il n'y a pas d'incompatibilité à travailler à la réconciliation et être un opposant. Laurent Gbagbo est un homme de l'opposition et nous avons beaucoup de points de divergences avec le pouvoir», assure le porte-parole du parti Justin Koné Katinan, citant pêle-mêle l'endettement, la politique de développement ou encore la politique étrangère.
Pour plusieurs observateurs, cette opposition modérée s'explique aussi par l'épée de Damoclès judiciaire qui plane toujours au-dessus de la tête de Laurent Gbagbo.
Car s'il a été acquitté par la justice internationale, il reste condamné par contumace en 2018 en Côte d'Ivoire à 20 ans de prison pour le «braquage» de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) pendant la crise post-électorale de 2010-2011.
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«Cette condamnation le contraint à la discrétion. Le pouvoir peut à tout moment activer la procédure judiciaire», estime le politologue et essayiste ivoirien Geoffroy Kouao.
Alors, un an après son retour, Gbagbo a-t-il toujours envie d'être président de la Côte d'Ivoire en 2025?
«Il a encore ses ambitions et nous l'accompagnerons. Il n'y a aucun débat là-dessu», répond Katinan, martelant que Laurent Gbagbo n'est «pas à la retraite».
«Son âge avancé constitue un handicap politique dans un pays où les jeunes et l'opinion publique sont de plus en plus hostiles à la gérontocratie. Laurent Gbagbo, aujourd'hui, politiquement, c'est plus un nom, un symbole qu'une réalité», tempère Kouao.
Les résultats du PPA-CI aux élections municipales et régionales de 2023 seront un premier indicateur du poids politique que pèse encore Gbabgo en Côte d'Ivoire.