La décision égyptienne a été annoncée au lendemain de celle prise par le Mali de suspendre toutes les rotations des contingents militaires et policiers de la Minusma en raison «du contexte de sécurité nationale».
Le Caire a «exprimé en début de semaine» au cours d'une réunion de l'ONU à New York, «son inquiétude face à la multiplication des attaques contre ses Casques bleus». «Nous avons été informés qu'en conséquence, le contingent égyptien suspendrait temporairement ses activités au sein de la Minusma», écrit la Mission dans un communiqué transmis à l'AFP, sans préciser la durée de la suspension.
Sept Casques bleus égyptiens ont été tués au Mali depuis le début de l'année.
«L’Egypte a un contingent de 1.035 militaires déployés au Mali sur un total de 12.261 Casques bleus au Mali», a précisé un responsable de l’ONU à Bamako. «Il représente l’un des contingents les plus nombreux de la Mission», a-t-il souligné.
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La Minusma -créée en 2013 pour soutenir le processus politique malien- est la mission de maintien de la paix de l'ONU ayant subi le plus de pertes humaines.
Au total, 177 de ses Casques bleus sont morts dans des actes hostiles, dont dix depuis janvier.
La dernière attaque meurtrière contre le contingent égyptien a eu lieu le 5 juillet près de Gao, principale ville dans le nord du Mali, où deux Casques bleus égyptiens ont été tués et cinq autres grièvement blessés.
Craintes
Le départ annoncé de l’opération militaire française Barkhane du Mali, qui doit s’achever dans les prochaines semaines, ainsi que la situation politique tumultueuse du pays sahélien ont soulevé des craintes ces derniers mois que des contingents quittent la mission.
L’Allemagne a notamment envisagé de retirer ses troupes de la Minusma au printemps. Berlin avait finalement annoncé en mai renforcer de 300 soldats son contingent onusien pour compenser le départ français.
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D’autres pays occidentaux ont entrepris en 2022 de réexaminer leur participation à la mission.
«Certains contingents étaient présents au Mali parce que Barkhane était là», déclarait en février à l’AFP Ornella Moderan, chercheuse à l’Institut d’études de sécurité (ISS). «Avec le départ des soldats français, est-ce que les Allemands, les Anglais ou les Suédois resteront?», s’interrogeait-elle à cette époque.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a prolongé le 29 juin la mission de la Minusma d'un an, malgré l'«opposition ferme» du Mali à la liberté de mouvement des Casques bleus pour des investigations liées aux droits de l'homme.
«Ces entraves à la Mission de l’ONU au Mali, dont le renouvellement a été contesté, qui interviennent à un moment critique où le soutien français ne sera bientôt plus possible, vont forcément faire se poser la question à plusieurs pays contributeurs de leur engagement», a déclaré à l’AFP un diplomate occidental dont le pays participe à la mission, sous couvert d’anonymat.
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Le Mali, pays pauvre et enclavé au coeur du Sahel, a été le théâtre de deux coups d'Etat militaires en août 2020 et en mai 2021. La crise politique va de pair avec une grave crise sécuritaire en cours depuis 2012 et le déclenchement d'insurrections indépendantiste et jihadiste dans le nord.
Le pays est dirigé par une junte qui s'est détournée de la France et de ses partenaires, et s'est tournée vers la Russie pour tenter d'endiguer la propagation jihadiste qui a gagné le centre ainsi que le Burkina Faso et le Niger voisins.
Ces violences ont fait des milliers de morts civils et militaires ainsi que des centaines de milliers de déplacés.