Le camp du président sortant, Andry Rajoelina, 49 ans, candidat à sa propre réélection, a immédiatement rejeté la demande jugée «farfelue»: «Il n’y a aucune raison pour que les élections ne se tiennent pas le 16 novembre», a déclaré à l’AFP la porte-parole de campagne de M. Rajoelina, Lalatiana Rakotondrazafy.
La grande île de l’océan Indien est secouée depuis des semaines par une bataille électorale féroce entre le camp Rajoelina et une dizaine de candidats de l’opposition qui dénoncent une machination visant à assurer un second mandat au président sortant.
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La présidente de l’Assemblée, Christine Razanamahasoa, est à la tête d’une tentative de médiation. Le groupe de médiation «demande fermement aux autorités la suspension de l’élection présidentielle», a déclaré dans la soirée Mme Razanamahasoa lors d’une conférence de presse.
«Les conditions pour une élection apaisée, crédible et acceptée de tous ne sont pas réunies», a-t-elle ajouté.
La suspension d’une élection présidentielle n’est pas prévue par la loi malgache et devra faire l’objet d’un accord du gouvernement pour être effective.
Le premier tour initialement prévu le 9 novembre avait déjà été reporté d’une semaine le mois dernier, à la suite de la blessure d’un candidat lors d’une des manifestations de l’opposition, dont plusieurs ont été dispersées par les forces de l’ordre à coups de gaz lacrymogènes.
La Haute cour constitutionnelle, plus haute juridiction du pays, avait imposé un report pour assurer une «égalité de chance des candidats».
Treize prétendants sont en lice. Onze candidats de l’opposition se sont rassemblés dans un collectif pour dénoncer «un coup d’Etat institutionnel» et exiger un scrutin «juste et équitable». Les opposants ne forment toutefois pas une coalition et se présentent individuellement dans la course à la présidence.
- Regain de tension -
Fin juin, la presse a révélé que M. Rajoelina avait été naturalisé français en catimini en 2014, créant la polémique. Selon ses détracteurs, le président a perdu la nationalité malgache en demandant la nationalité française et ne peut de ce fait ni gouverner, ni se présenter à une élection.
Mais la justice a rejeté en bloc, en septembre, trois recours de l’opposition réclamant l’invalidation de la candidature de Rajoelina «pour défaut de nationalité malgache».
Depuis début octobre, le collectif d’opposants appelle à manifester notamment sur la place du 13-Mai à Antananarivo, lieu symbolique et théâtre des contestations politiques sur l’île. Les rassemblements officiellement interdits ont été régulièrement dispersés par les forces de l’ordre.
Une «tolérance» a été dernièrement appliquée par les autorités mais la place emblématique est restée imprenable. Et une nouvelle tentative samedi de l’investir s’est soldée par un regain de tension dans les rues de la capitale. Plusieurs manifestants ont été blessés ces dernières semaines et des opposants brièvement arrêtés.
Jusqu’ici, la plupart des candidats du collectif ont refusé de faire campagne tant que les conditions pour une élection «démocratique» ne sont pas rassemblées.
La présidente de l’Assemblée a par ailleurs appelé la communauté internationale à «prendre ses responsabilités et ne pas rester des spectateurs».
Huit pays et organisations, dont les Etats-Unis et l’Union européenne, ont exprimé jeudi dans un communiqué commun « leur profonde préoccupation suite aux incidents violents des derniers jours ». Ils avaient déjà déclaré auparavant suivre avec « la plus grande vigilance » la préparation du scrutin et dénoncé un usage excessif de la force contre l’opposition.
Une soixantaine d’organisations de la société civile et syndicats malgaches ont aussi appelé à «l’annulation» du premier tour, mettant en garde contre « une crise encore plus dure et même violente» si le scrutin était maintenu.
Andry Rajoelina avait accédé au pouvoir en 2009 à la faveur d’une mutinerie chassant Marc Ravalomanana. Sous pression de la communauté internationale, il avait renoncé à se présenter en 2013 mais avait été élu en 2018.