Une semaine après la relaxe pure et simple de Kémi Séba par le tribunal des flagrants délits de Dakar, Serigne Bassirou Guèye, procureur de la République vient de faire appel. Les poursuites contre l’activiste franco-béninois dans l’affaire qui l’opposait à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) seront donc relancées.
Rappelons qu’au cours d’une manifestation anti franc CFA, le Franco-Béninois résidant à Dakar avait brûlé un billet de 5.000 francs. Suite à ce geste que Kémi Séba qualifie de «symbolique», la BCEAO avait déposé une plainte pour demander sa condamnation. Et comme compensation pour son client, l’avocat de la BCEAO avait demandé un franc symbolique.
Appelé à la barre, Kémi Séba avait soutenu que, derrière ce geste, il voulait lancer un message aux dirigeants des pays qui ont en commun le franc CFA et par la même occasion, sensibiliser la jeunesse africaine sur la question. «J’ai vu les gens reprendre l’acte, mais si je sors, je leur dirai que l’objectif n’était pas de brûler les billets, mais de lancer un signal fort», avait-il précisé.
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«L’acte de brûler un seul billet de banque n’était pas un délit. C’est plutôt le fait d'en brûler plusieurs qui en est un», avait-il ajouté pour se défendre, après sa sortie.
Joint au téléphone par le 360afrique, maître Khoureychi Bâ, avocat de Kémi Séba soutient qu’il a été «informé par son client de l’appel introduit par le procureur de la République».
Le maître des poursuites entend ainsi transférer cette affaire au niveau d’une autre juridiction, la Cour d’appel en l’occurrence. Toutefois, l'avocat soutient qu’il «s’attendait à une telle décision au vu des différentes réactions et pressions venant du plus haut niveau».
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Selon lui, certains responsables ont eu «un sentiment de frustration » après la décision historique du tribunal de Dakar de relaxer son client. «La BCEAO a voulu s’appuyer sur un texte de loi français ringard qui a été abrogé depuis 1994, pour faire condamner Kémi Séba», a précisé maître Khoureychi Ba.
Se basant sur le principe sacré de la légalité en matière de droit, ce dernier garde une confiance inébranlable quant à l’issue du procès. Selon les textes de loi, c’est l’acte de brûler «des billets» qui est répréhensible par la loi. Par contre, il n’est nullement mentionné que l’acte de brûler «un billet» est répréhensible, a-t-il conclu. Donc, un juge expérimenté n’aura aucun problème à confirmer la décision de justice rendue par le tribunal de flagrants délits de Dakar.