Sénégal: le calvaire des malades du rein

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Le 30/01/2019 à 16h09, mis à jour le 30/01/2019 à 16h16

Sur les 4000 personnes soufrant d’une insuffisance rénale à Dakar, seules 600 sont prises en charge dans les établissements publics de santé. Les 3400 autres malades sont obligés de se rabattre sur les structures privées locales, dont les coûts sont jugés exorbitants.

Les malades du rein au Sénégal ont du mal à suivre un traitement normal à cause de la cherté de l’hémodialyse au niveau des structures privées de santé. Ils ont tenu un sit-in ce mardi 29 janvier à la Place de la nation à Dakar pour exprimer leur désarroi face aux 65.000 Fcfa (100 euros) que leur coûte la séance de dialyse, en dépit de la subvention de 20.000 Fcfa (30 euros) que leur accorde l’Etat.

El Hadji Ndiaye, chargé de communication du Mouvement des insuffisants rénaux du Sénégal (MIRS), déclare que les malades du rein ne peuvent plus supporter ces tarifs exorbitants, qu'ils qualifient même d'abusifs. Selon eux, les centres privés ont signé des accords avec le ministère de la Santé, mais ils ne les respectent pas.

«Les coûts de la dialyse devraient être baissés de 20.000 francs (après l'octroi de la subvention). Malheureusement, cette baisse n’est pas respectée par les centres privés qui continuent de facturer la séance à 65.000 francs Cfa». Les hémodialysés demandent ainsi aux autorités de veiller au respect strict de ce partenariat signé dans le cadre de la Couverture maladie universelle (CMU).

«Nous tenons ce sit-in pour interpeller les autorités étatiques sur notre situation. Nous souffrons d’insuffisance rénale, une maladie chronique très coûteuse, qui demande un traitement à vie et qui est dans le programme de la Couverture maladie universelle. Mais puisque la CMU est un programme politique, le fonctionnement ou la mise en œuvre de la gratuité de la dialyse pose problème», a fait savoir El Hadj Ndiaye. Ils sont quotidiennement témoins impuissants de cas critiques de maladies.

Rien qu’à Dakar, plus de 4000 patients souffrent d’une insuffisance rénale et ont besoin de soins pour survivre. 600 d'entre eux sont pris en charge dans les hôpitaux et les structures publiques de santé. Le reste, dont une petite partie a des moyens financiers, est obligé de se faire traiter dans le privé au prix d’énormes sacrifices.

Le fait n’est pas nouveau et les autorités font la sourde oreille. «Depuis le temps d’Awa Marie Coll Seck (ancienne ministre de la Santé, Ndlr) ces centres de dialyse privés refusent de respecter cet accord et ils continuent de nous facturer la séance à 65.000 FCfa. C’est de l’escroquerie. Il faut que cela s’arrête. Nous dénonçons même la complicité du ministre de la Santé, parce qu’il est en train de comploter sur le dos des malades. Nous lui avons écrit à plusieurs reprises pour attirer son attention sur cette situation. Mais nous n’avons pas eu de réponse. Nous avons même envoyé une correspondance au Premier ministre pour l’interpeller, mais ce dernier aussi ne dit rien», martèlent-ils.

Ces hémodialysés invitent d’ailleurs les journalistes à mener des enquêtes sur cet argent injecté dans les opérations de dialyse. Ils disent détenir des preuves et défient quiconque se sent diffamé sur cette affaire de porter plainte.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 30/01/2019 à 16h09, mis à jour le 30/01/2019 à 16h16