Est-il encore possible de sauver l’Algérie ? Cette question posée au détour d’une conversation banale rêvet son importance. S’il n’y pas de changement en profondeur de l’économie algérienne, la réponse est a priori non. Ce n’est pas uniquement valable pour l’Algérie. C’est aussi le cas pour d’autres économies similaires. Ce n’est qu’une question de temps. Le pire finira par la ou les atteindre tous. Car dans le pétrole, il y a comme une malédiction, à cause de l'argent facile. Et c'est une imparable vérité scientifique, dont voici l'explication.
L’Algérie est atteinte par ce que les économistes appellent la maladie hollandaise ou syndrome de la Hollande.
Il ne s’agit pas d’un terme savant ou rébarbatif que l’on viendrait arbitrairement accoler au premier exportateur de gaz du continent. Mais d'une référence à l'Histoire. Dans les années 1960, en effet, on découvre d’importants gisements de gaz aux Pays-Bas. Les revenus d’exportations hollandais augmentent à un point tel que la devise s’apprécie fortement et les salaires des autres secteurs sont obligés de s’aligner sur ceux du pétrole. Au final, tous les autres secteurs non pétroliers en ont souffert à cause d’une perte de compétitivité-prix. La Hollande était ainsi devenue incapable d’exporter autre chose que du pétrole, faute d'avoir réussi à diversifier son économie.
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La situation de l’Algérie, du Nigeria ou encore de l’Angola ainsi que des autres pays riches en matières premières est extrêmement ressemblante. Dans le cas particulier de l’Algérie, il suffit de voir la part que le pétrole occupe dans ses exportations pour se rendre compte de la gravité de la situation. Par exemple, au cours des 10 premiers mois de l’année, l’Algérie a exporté pour 23,2 milliards de dollars, dont 1,46 milliards de produits non pétroliers. Soit à peine 6,29% de ses ventes. Si c’est n’est pas un syndrome hollandais, cela y ressemble fort. Et encore, ces exportations sont constituées au trois quarts par des semi-produits, comme les engrais minéraux ou chimiques azotés (374,8 M$), l’ammoniac anhydre ou en solution aqueuse (303,6 M$) et les solvants naphta (autres usages) (321,6 M$) pour les demi-produits. Ce qui témoigne encore davantage de l’extrême dépendance aux matières premières.
Cette trop forte dépendance vis-à-vis du pétrole expose également l’économie aux chocs extérieurs, comme une brutale chute du pétrole. C’est malheureusement le cas depuis 2014. Aujourd’hui, les réserves de change tendent à s’épuiser. Le fonds de régulation des recettes, constitué grâce aux revenus du pétrole, s’est également tari.
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C’est arrivé à un point tel, qu’il ne serait pas exagéré de parler de syndrome algérien, à part entière. En effet, même sur le marché local, l’Etat est obligé de tout subventionner afin de maintenir à la fois le pouvoir d’achat des Algériens et de permettre à l’industrie locale de garder un semblant de compétitivité. Ainsi, les subventions sont-elles passées de 254 milliards de dinars en 1999 à quelque 1731 milliards de dinars, soit quelque 15,7 milliards de dollars. C’est une manière de redistribuer les revenus du pétrole. Il n’est, cependant, pas sûr que sur le plan économique ce soit la meilleure solution.
D’autres pays comme l’Arabie saoudite aurait pu connaître un sort similaire. Mais le Royaume wahhabite peut au moins compter sur le tourisme de pèlerinage grâce auquel 40 milliards de dollars de recettes sont engrangés annuellement. L’économie saoudienne s’est également très bien diversifiée avec notamment les phosphates, l’agroalimentaire. De plus, les placements du fonds souverain saoudien permettent de rappatrier entre 20 et 50 milliards de dollars annuellement en cas de besoin. C’est ce qu’ont compris les Emirats Arabes Unis qui suivent le modèle saoudien.
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