Algérie. Banques: le manque de liquidité prend des proportions inquiétantes

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Le 16/08/2017 à 19h47, mis à jour le 16/08/2017 à 20h16

L'ère du baril de pétrole à 100 dollars étant révolue, l'Etat algérien a forcé les banques commerciales publiques à assurer le financement du Trésor. La Banque centrale est obligée d'utiliser des recettes désuètes comme le réescompte, mais l'assèchement de la liquidité persiste.

Mises sous pression par l'Etat qui n'arrive plus à assurer son financement, les banques algériennes sont incapables de trouver la liquidité nécessaire au financement de l'économie. Après quinze années d'abondance absolue, la tendance s'est brusquement inversée, au point où la Banque centrale est contrainte de sortir de vieilles recettes de politique monétaire. 

Tout est parti des difficultés financières de l'Etat algérien. Pour s'en sortir, le ministère des Finances a mis le couteau sous la gorge des banquiers publics en leur intimant l'ordre de décaisser des sommes de plus en plus importantes pour le financement du budget. Ainsi, l'année dernière, pour assurer le succès de l'émission obligataire de l'Etat, les banques ont été obligées de débourser 400 milliards de dinars, soit près de 4 milliards de dollars, selon un site d'information algérien. De même, les banques ont été invitées à plusieurs reprises à participer au financement des grands projets. 

Pour les soulager de cette situation, la Banque Centrale d'Algérie a réduit le taux de réserve obligatoire qui était de 12%, pour le ramener à quelque 8% seulement. Il faut rappeler que la réserve monétaire est la part des dépôts que les banques ne sont pas habilitées à réaffecter à nouveau en crédit. Les banques centrales l'utilisent pour limiter la création de monnaie. 

Dans le même sens, les banques ont également été autorisées à recourir au réescompte, un instrument désuet au regard d'un système monétaire moderne. Aujourd'hui toutes les banques centrales dignes de ce nom, lui préfèrent les avances dont la durée peut varier de 1 jour à plusieurs semaines. Ces avances sont indépendantes des valeurs réescomptables dont dispose la banque qui veut se refinancer. 

Quoi qu'il en soit, même avec de telles mesures, les banques publiques algériennes sont incapables de jouer leur rôle de financement de l'économie. Car, le pays qui a vécu dans l'abondance pendant les années fastes n'a toujours pas réussi sa mue. Le secteur du gaz entre les mains du public demande des investissements colossaux. La petite voire la micro entreprise demande également à être accompagnée. Les programmes de logements sociaux de l'Etat trop ambitieux pour calmer la grogne font que les banques ne peuvent plus suivre.

Le système est donc au bord de la rupture. L'ère est visiblement révolue où les banques pouvaient tout se permettre quand le baril de pétrole était autour de 100 dollars et la Sonatrach déversait des flots de ressources dans le pays. En rabaissant, le taux de réserve monétaire à 4% depuis hier mardi 15 août, la Banque centrale donne un repit aux banques commerciales publiques. Mais, ce n'est qu'un repit de 4 milliards de dollars. Et pour combien de semaines encore? 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 16/08/2017 à 19h47, mis à jour le 16/08/2017 à 20h16