Algérie: niant tout en bloc, Tayeb Louh sera confronté à ses ex-exécutants

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Le 13/08/2019 à 14h27, mis à jour le 13/08/2019 à 14h31

Du nouveau dans l’affaire Tayeb Louh. L’ex-ministre de la Justice algérienne, figure emblématique de l’ancien régime, sera bientôt confronté à ses anciens proches collaborateurs. Objectifs: déterminer les circonstances de l’instrumentalisation du système judiciaire, au profit du clan Bouteflika.

L’ex-ministre du département de la justice algérienne, Tayeb Louh, a été auditionné pour la première fois le mardi 6 août dernier par un juge d’instruction près du tribunal de Sidi M'hamed. Il a, lors de cette audition, nié en bloc toutes les accusations le concernant.

En effet, d'après TSA ou encore Al Watan, médias phare du pays, qui ont relayé une information révélée par le site d'informations en ligne Algérie Part, l’ex-ministre de la Justice a été interrogé sur de nombreux dossiers portant sur les violations des droits de l’Homme, la répression politique d'opposants et d'innombrables affaires de corruption qui ont secoué son ministère au moment où il était en charge du portefeuille de la justice. 

L’ex-homme fort de la Justice algérienne a tout simplement nié ces accusations. Plus encore, il a mis les juges au défi de lui présenter toute preuve à même de le compromettre.

Pour mettre Tayeb Louh dos au mur, alors même qu'il a été une figure marquante de la répression de l’ère Bouteflika, la parquet du tribunal de Sidi M’Hamed va donc procéder à de nombreuses séances de confrontation avec ses anciens collaborateurs.

Ces confrontations débuteront au cours de ce mois d’août, selon le site Algérie Part.

Tayeb Louh sera tout d’abord confronté à l’ex-inspecteur général du ministère de la Justice, Benhachem Tayeb. Ce haut fonctionnaire avait déclaré, lors de son audition, que toutes les décisions "scandaleuses, maladroites, révoltantes" du ministère de la Justice émanaient de Tayeb Louh lui-même. 

Une autre confrontation, et non des moindres, réunira l’ex-homme fort de la Justice algérienne à l’ex-secrétaire général du ministère, Sami Bourjil. Ce haut fonctionnaire avait affirmé, lors de son audition, qu’aucune décision ou intervention dans un dossier douteux n’était possible sans la bénédiction de Tayeb Louh. 

Enfin, Khaled Bey, l’ancien procureur de la République de ce même tribunal de Sidi M’hamed où Tayeb Louh est actuellement jugé, se confrontera lui aussi à son ex-ministre de tutelle.

Khaled Bey a d'ailleurs été l'un lieutenant des plus fidèles de Tayeb Louh. Il était en effet chargé d’étouffer les dossiers sensibles comme, par exemple, les plaintes déposés contre les oligarques et les hauts responsables politiques qui avaient fait «allégeance» au clan Bouteflika.

Khaled Bey, en plus de mettre ces dossiers en sourdine, intervenait sur ordre de Tayeb Louh pour protéger des personnalités et même leur permettre d’être au-dessus des lois.

Depuis son limogeage, le 31 mars dernier, Tayeb Louh n’avait pas été inquiété, contrairement aux autres figures clés du régime Bouteflika, tels les ex-Premiers ministres Ahmed Ouyahia ou encore Abdelmalek Sellal.

En effet, son remplaçant, Slimane Brahmi, un ancien "obligé" de l'ex-commandant de la gendarmerie algérienne, le général Ghali Belkecir, étouffait systématiquement les dossiers impliquant son prédécesseur.

Seulement voilà: Slimane Brahmi a, à son tour, brutalement été limogé le 31 juillet dernier, après 4 mois d'exercice seulement à la tête du ministère de la Justice. Son départ a donc, en toute logique, sonné la fin de l'impunité de Tayeb Louh.

Quant au protecteur de ces deux désormais ex-ministres de la Justice, le général Ghali Belkecir, il a, lui aussi, été limogé. Décidément, les temps sont durs pour les anciens "hauts responsables" algériens, sous la dure férule de Ahmed Gaïd Salah. 

Par Karim Ben Amar
Le 13/08/2019 à 14h27, mis à jour le 13/08/2019 à 14h31