Après le manifestation répirmée dans le sang à Tin Zaouatine, en début de semaine, les habitants du sud algérien semblent s'être donné le mot pour dénoncer la marginalisation dont elle est en permanence victime, selon la presse locale, mais également les publications de plusieurs internautes.
Selon le quotidien El-Watan, dans sa livraison du samedi 29 juin, "c'est le cas à Bordj Badji Mokhtar", située à près de 220 kilomètres au sud de la capitale Alger.
Les habitants ont non seulement dénoncé le meurtre d'un manifestant dans la localité voisine de Tin Zaouatine par l'armée, mais également le délaissement dont ils sont victimes depuis l'indépendance.
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Selon El Watan, "il n’y a qu’à voir d’ailleurs les images qui parviennent depuis ces coins reculés, celles montrant par exemple la manifestation de Bordj Badji Mokhtar, pour avoir une idée sur la situation. Routes non bitumées, habitations précaires…". Sans parler de "l’absence de certaines commodités vitales, telles que l’alimentation en eau", ajoute le journal.
Ce sont des localités qui vivent depuis des millénaires grâce à deux sources de revenus: l'élevage transhumant et le commerce transsaharien. Sauf qu'à côté de ces activités traditionnellement nomades, la population a tendance à se sédentariser dans des villes.
Pire encore, la situation d'insécurité dans le grand Sahara et le Sahel entretenue par Alger fait que les itinéraires de transhumance et de commerce sont tous compromis, soit par les murs et autres barrières érigés par l'armée, soit par les terroristes et autres bandits de grand chemin. D'ailleurs, c'est ce qui a mené à la révolte des populations de Tin Zaouatine qui dénonçaient les barbelés les empêchant d'avoir accès au seul oued de la zone leur servant de réserve d'eau potable.
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Et malgré d'énormes ressources pétrolières, l'Algérie refuse d'y investir le moindre dinar pour doter ces villes de routes, mais surtout de la denrée la plus précieuse dans le désert du Sahara. Au contraire, les activités de prospection et d'exploitation pétrolières ont tendance à assécher la nappe phréatique qui alimentait les oueds et autres sources d'eau.
Pour les populations de cette vaste région, c'est d'autant plus désolant que dans le Sahara marocain voisin, les investissements les plus modernes y sont disponibles, notamment une route transsaharienne qui relie l'Afrique de l'Ouest à l'extrême nord du continent, des aéroports internationaux à Laâyoune et Dakhla, mais aussi et surtout l'eau en abondance. Et tout ceci, sans aucune goutte de pétrole.
En réalité, le sud algérien dépend plus du nord des pays sahéliens voisins, notamment le Niger, le Mali et la Mauritanie dont ils se sentent très proches culturellement et économiquement. C'est en effet, avec les bourgardes situées dans le nord de ces trois pays que s'effectue non plus seulement un commerce transsaharien, mais des trafics divers dont l'essentiel assure la subsistance d'une population pauvre et abandonnée à son propre sort.
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A Alger, les autorités font tout pour faire croire à des incidents isolés, alors qu'il s'agit d'une situation endémique et potentiellement explosive.
"Ces problèmes ne sont pas nés ce 15 juin", insiste le quotidien El Watan, ajoutant que "plusieurs villes du sud et extrême sud du pays ont connu par le passé des manifestations, ayant souvent débouché sur des affrontements aussi".
"Et c’est toujours les conditions socio-économiques qui en sont la cause. Une situation devenue encore plus compliquée ces dernières années avec tous les problèmes sécuritaires existants aux frontières algériennes, que ce soit avec la Libye, le Mali ou le Niger, ayant amené les services de sécurité à «verrouiller» davantage les frontières", confirme effectivement le journal.
Quoi qu'il en soit, de telles manifestations se multiplieront à mesure que les populations du sud algérien se sentiront marginalisées et délaissées, d'autant plus que l'armée algérienne qui s'impose comme autorité tant militaire, sécuritaire voire administrative ne sait y faire que par la méthode forte.