Algérie: la production pétrolière encore en baisse

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Le 05/08/2021 à 12h31, mis à jour le 05/08/2021 à 12h38

Alors que les cours du pétrole semblent consolider autour de 70 dollars, un niveau insuffisant pour financer le budget et arrêter la chute des réserves de changes, l'Algérie doit en plus faire face à la baisse des quantités d'hydrocarbures extraites de son sous-sol. Une tendance qui empire.

D'année en année, les autorités algériennes sont obligées de faire face à la baisse continue de la production d'hydrocarbures. Les derniers chiffres confirment cette tendance qui ne prédit rien de bon pour l'avenir des finances publiques et des réserves de changes du pays.

Durant le premier trimestre 2021, selon les données de l'Office national des statistiques (ONS), la production d'hydrocarbures a reculé de 6,5%, en comparaison avec la même période de l'année 2021. En effet, l'indice de la production industrielle du secteur des hydrocarbures est passé de 117,7 au premier trimestre 2020 à 109,5 pour la même période de l'année en cours.

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Il faut noter que l'impact de la quantité produite a été très significatif dans cette baisse. En effet, cet indice composé combine à la fois les cours et la quantité des biens industriels, pour étudier l'évolution de la valeur du pétrole et du gaz produits. Or, Force est de constater que les cours du Brent étaient nettement plus élevés entre janvier et mars 2021 où ils oscillaient entre 50 et 65 dollars, que durant le premier trimestre 2020 où ils étaient carrément descendus jusqu'à 21 dollars. Par conséquent, toutes choses étant égales par ailleurs, la valeur globale de la production était censée être nettement plus importante en 2021. Sa baisse est entièrement imputable au recul des quantités extraites.

Il convient de noter que depuis plusieurs années, l'Algérie est en proie à une baisse continue de sa production pétrolière et gazière à cause d'un déficit chronique d'investissement dans la prospection pour découvrir de nouveaux gisements, mais aussi et surtout dans l'exploitation des réserves.

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La compagnie nationale algérienne, Sonatrach, n'ayant pas été capable de concrétiser ses ambitions en matière d'investissements, le gouvernement s'est décidé, depuis fin 2019, à autoriser les investisseurs étrangers à le faire sans être contraints par la loi 49/51 à s'associer en tant que minoritaire, avec une entité algérienne. Sauf qu'à ce jour, ces nouvelles dispositions ne sont toujours pas en vigueur, faute de décret d'application.

Aux difficultés de production se sont ajoutés des problèmes commerciaux, puisque la Sonatrach a vu lui échapper une partie importante du marché gazier espagnol au profit de ses concurrents d'outre-Atlantique. En effet, les entrepirses américaines ont accepté de casser les prix, alors que la Sonatrach se basant sur le contrat qui la liait à ses clients espagnols avait refusé de revoir ses prix à la baisse, alors même que les cours du pétrole et du gaz avaient chuté.

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Ainsi, pour l'année 2020, au lieu de 93,4 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP-, l'Algérie n'a exporté que 82,2 de TEP, lesquelles ne lui ont rapporté que 20 milliards de dollars contre 33,3 milliards de dollars, soit un repli de 40% en valeur.

On voit nettement qu'il y a l'effet de la chute des cours des hydrocarbures qui est venue accentuer le recul des recettes algériennes, induit par la baisse des volumes de production.

La compagnie nationale algérienne connait de nombreux problèmes dont l'absence d'une planification stratégique, mais aussi le manque d'entretien qui occasionne des pannes incessantes d'un outil de production vieillisant. L'année dernière, par exemple, les usines GNL d’Arzew et Skikda, mais aussi les installations au champ d'El Merk du bassin de Berkine, ont été à l'arrêt sur une très longue période.

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C'est ce qui explique que l'Algérie n'est même plus capable de profiter des quotas qui lui sont fixés par l'Organisation des pays exportateurs de pétroles (OPEP), car n'ayant pas les capacités techniques pour atteindre le maximum qui lui est autorisé.

Par Djamel Boutebour
Le 05/08/2021 à 12h31, mis à jour le 05/08/2021 à 12h38