Carburants: hausse de 30 à 40% des prix à la pompe en Ethiopie

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Le 07/07/2022 à 08h05, mis à jour le 07/07/2022 à 08h13

Le prix de l'essence a bondi depuis mercredi de près de 30% et celui du diesel de près de 40% en Ethiopie, après la suppression par les autorités d'une partie des subventions aux carburants, dans un pays déjà en proie à une inflation galopante.

Alors que les cours mondiaux sont au plus haut, les subventions aux carburants creusent le déficit de l'Etat.

Le litre d'essence coûte désormais 47,83 birr (0,89 euro) contre 36,87 birr auparavant, soit une hausse de 29,7%. Celui du diesel a augmenté de 38,8%, s'affichant désormais à 49,02 birr (0,91 euro) contre 35,43 la veille, selon les nouveaux prix communiqués par le ministère du Commerce.

«Le nouvel ajustement des prix du carburant sera effectif (ce) mercredi et jusqu'au 6 août», indique le ministère dans un communiqué diffusé par les médias publics, semblant indiquer qu'une nouvelle réévaluation aura lieu à cette date.

Selon le journal économique Addis Fortune, le «gouvernement fédéral entend lever progressivement, à partir de cette semaine, les subventions sur le carburant», jusqu'à ce que le consommateur supporte la totalité de son coût.

«Si les prix du carburants correspondaient aux prix mondiaux actuels, le litre de diesel coûterait 91,23 birr (1,70 euro) et celui d'essence 82,07 birr (1,53 euro). Mais en raison de la situation du pays, le gouvernement continue de couvrir 75% de la différence, tandis que les 25% restants sont (désormais) transférés au consommateur», explique le ministère.

Pour éviter d'endetter le pays, les hausses des prix des produits pétroliers sur les marchés internationaux auraient dû être répercutées au consommateur, mais «le gouvernement n'a jusqu'ici procédé qu'à des hausses des prix des carburants n’excédant pas 10%, en raison des conditions de vie de la population», souligne-t-il.

Stations prises d'assaut

En mai, toutefois, le gouvernement - qui a le monopole de l'importation du carburant, transporté par la route depuis Djibouti vers l'Ethiopie enclavée - avait déjà augmenté de 16% le prix du litre d'essence et de 22% celui du litre de diesel.

«Tous les déplacements dépendent du carburant. J'espère que le gouvernement va contrôler la hausse des prix (...) du carburant, sinon cela va provoquer une crise», s'inquiète Tariku Gebreselassie, chauffeur trentenaire d'une application locale de VTC.

Dans son communiqué, le ministère du Commerce appelle la population «à prendre l'habitude d'utiliser les produits (pétroliers) de manière économe».

«Avec cette hausse, je vais moins conduire ma voiture», consent Yitayal Shiferaw, un habitant d'Addis Abeba qui, avec de nombreux autres automobilistes, patiente - depuis deux heures, dit-il - dans une longue file de véhicules s'étirant devant une station-service.

Depuis plusieurs jours, les stations de la capitale sont prises d'assaut, sur fond d'anticipation de la hausse des prix attendue et d'une pénurie de carburant qu'aucun automobiliste ne s'explique.

Henok Girma, chauffeur d'une entreprise, attend depuis une heure et demie de pouvoir faire le plein. «Il y a une pénurie de carburant dans la ville. Dans toutes les stations il y a une longue queue. Je ne sais pas quel est le problème mais (...) quand je veux faire le plein, je dois me réveiller tôt ou patienter des heures».

Inflation

«Je ne pense pas que ce soit au gouvernement d'apprendre aux gens à être économes des ressources. L'obligation du gouvernement est de fournir du carburant ou au moins de contrôler si les stations-services fournissent correctement du carburant», s'agace Mekibib Abebe, un homme d'affaires.

«On peut parfois attendre une demi-journée sans obtenir de carburant à la fin», dit-il, déplorant «le temps perdu qui pourrait être utilisé à quelque chose de productif».

L'inflation sur 12 mois dépasse chaque mois les 30% depuis un an en Ethiopie et tourne autour des 35% depuis six mois, la hausse des prix des seuls produits alimentaires dépassant les 40% sur 12 mois depuis février.

La hausse mondiale des cours des produits pétroliers et des céréales a également fait fondre les réserves en devises du pays, très largement importateur.

Dans son rapport macro-économique sur le 1er trimestre 2022, le fonds d'investissement éthiopien Cepheus Capital souligne qu'en décembre, les réserves en devises de la banque centrale éthiopienne étaient «au plus bas depuis plus d'une décennie, représentant environ un mois d'importations».

Les importations de produits pétroliers sur les neuf premiers mois de l'année fiscale 2021-2022 ont augmenté de 75% en valeur (à 2,2 mds de dollars) par rapport à la même période de l'année précédente et ceux des céréales de 121% (à 1,8 mds), souligne Cepheus.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 07/07/2022 à 08h05, mis à jour le 07/07/2022 à 08h13