Ethiopie : Amnesty accuse des rebelles tigréens de viols collectifs

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Le 16/02/2022 à 08h12, mis à jour le 16/02/2022 à 08h22

Des combattants rebelles du Tigré ont violé collectivement des dizaines de femmes et de mineures dans deux localités de la région Amhara, affirme mercredi un rapport de l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International.

Depuis son déclenchement en novembre 2020, la guerre commencée au Tigré (nord de l'Ethiopie) et qui s'est ensuite propagée aux régions voisines de l'Amhara et de l'Afar, a été marquée par de nombreuses exactions dans chaque camp.

Amnesty dit avoir interviewé 30 victimes de viols - certaines âgées de 14 ans - et d'autres victimes de violences survenues dans les localités de Chenna et de Kobo en août et en septembre, après leur prise de contrôle par le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF).

Près de la moitié des victimes de violences sexuelles ont affirmé avoir subi des viols en réunion, et des médecins ont déclaré à Amnesty que certaines ont été lacérées de l'intérieur par des fusils à baïonnettes introduits dans leur parties génitales.

Une écolière de 14 ans a déclaré à l'ONG que sa mère et elle avaient toutes deux été violées par des combattants du TPLF, qui disaient se venger des atrocités commises contre leurs propres familles.

«L'un d'eux m'a violée dans la cour et l'autre violait ma mère à l'intérieur de la maison», a-t-elle dit.

«Ma mère est très malade maintenant, elle est très déprimée et désespérée. Nous ne parlons pas de ce qui s'est passé, c'est impossible». En novembre, Amnesty avait publié un rapport qui documentait des agressions sexuelles commises par des rebelles dans une autre localité amhara, Nifas Mewcha.

«Les preuves s'accumulent sur une tendance au sein des forces tigréennes à commettre des crimes de guerre et de possible crimes contre l'humanité dans des zones sous leur contrôle dans la région Amhara à partir de juillet 2021», souligne Sarah Jackson, directrice adjointe de l'ONG pour l'Afrique de l'Est.

«Cela inclut des épisodes répétés de viols à grande échelle, d'exécutions sommaires et de pillages, notamment dans des hôpitaux», ajoute-t-elle.

Des habitants de Kobo ont également affirmé que les combattants rebelles avaient tué par balles des civils.

Le TPLF n'a pas réagi à ces informations, selon Amnesty.

Mais les rebelles avaient critiqué le rapport dédié à Nifas Mewcha, affirmant qu'ils mèneraient leur propre enquête.

Le conflit a fait plusieurs milliers de morts, plus de deux millions de déplacés et plongé des centaines de milliers d'Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon les Nations unies.

Amnesty a précédemment fait état de viols de centaines de femmes et de jeunes filles par les soldats éthiopiens et érythréens, impliqués à leurs côtés, au Tigré.

En novembre, un rapport rédigé conjointement par les services de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Michelle Bachelet, et la Commission éthiopienne des droits de l'homme a cumulé les preuves de possibles crimes de guerre et de crimes contre l'humanité dans ce conflit.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 16/02/2022 à 08h12, mis à jour le 16/02/2022 à 08h22