Africa Investment Forum: 32,8 milliards de dollars d’intérêts d’investissement dans des projets bancables annoncés

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Le 21/03/2022 à 14h09, mis à jour le 21/03/2022 à 14h11

Africa Forum Investment, la principale plateforme d’investissement multipartite en Afrique, a permis d’attirer 32,8 milliards de dollars d’intérêt d’investissement. Plusieurs projets de divers secteurs ont attiré les investisseurs, particulièrement celui structurant du corridor Lagos-Abidjan.

Après le choc sur les économies africaines, l’heure est à la relance. Et l’investissement devrait jouer un rôle crucial dans la reprise économique des pays africains. Et à ce titre, la 3e édition de l’Africa Investment Forum devrait constituer un déclencheur de l’investissement post-Covid-19 au niveau du continent africain.

Ce forum, fruit d’une initiative de la Banque africaine de développement (BAD) et de 7 banques partenaires, est un véritable catalyseur de l’investissement en Afrique en orientant les investisseurs vers des projets bancables. Pour cette édition, pas moins de 300 investisseurs mondiaux, ministres et chef d’entreprises ont manifesté leur intérêt. L’objectif étant de connecter les investisseurs aux principaux projets bancables sélectionnés au niveau du continent et qui concernent plusieurs secteurs d’activité: énergie, agriculture, gaz, santé, TIC, infrastructures… Et afin de garantir la viabilité de ces projets, la BAD a fourni des études de faisabilité à certains projets structurants.

Pour le président de la BAD, Akinwunmi Adesina, «l’Afrique est résiliente, les économies africaines se remettent bien des effets de la pandémie. Les opportunités d’investissement en Afrique n’ont pas changé, et le continent reste le lieu de choix pour l’investissement, pour obtenir des retours importants sur l’investissement».

A ce titre, 40 projets ont été présentés aux investisseurs potentiels. Parmi ceux-ci figure celui du corridor routier Lagos-Abidjan, qui, une fois achevé, reliera Lagos, la capitale économique du Nigéria, première puissance économique africaine, à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, en passant par Accra (Ghana), Lomé (Togo) et Cotonou (Bénin). Ce corridor, fruit d’un partenariat public-privé, piloté par la commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), aura des impacts structurants sur les économies de la région. En reliant les 5 pays via une autoroute d'une longueur de 1.028 km le long de la Côte ouest-africaine, ce projet va réduire la durée du trajet entre Abidjan et Lagos de 50%.

Le coût de cette infrastructure est estimé à 15,6 milliards de dollars et sa réalisation aura un impact significatif sur les populations ouest-africaines en facilitant les déplacements de personnes et les échanges de marchandises au niveau de la Cédéao, et même au-delà.

Ce corridor Abidjan-Lagos est un projet phare du Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA), une initiative dont la BAD est l’organe d’exécution. Retardé par la pandémie du Covid-19, ce projet structurant devrait démarrer en 2023.

Au niveau agricole, le projet Makbel Dairy Farm a suscité de l’intérêt auprès d’une vingtaine d’investisseurs. Une fois réalisé, il devrait contribuer à diversifier l’économie angolaise, trop dépendante des hydrocarbures. Il permettra au pays de passer du statut d’importateur à exportateur net de lait et créera quelques 2.000 emplois directs et indirects. Selon la BAD, ce projet a convaincu 2 partenaires qui ont affiché leur souhait de prendre une participation à hauteur de 45%. A travers des projets agricoles, l’Angola souhaite réduire sa forte dépendance aux hydrocarbures qui représentent 93% de ses recettes d’exportation, 65% des ressources du budget de l’Etat et 40% du PIB du pays. Ainsi, l’Etat angolais encourage de telles initiatives à même de réduire la facture des importations alimentaires du pays.

Concernant le volet énergie, le projet de gaz naturel liquéfié (GNL) de 232 millions de dollars, portant sur la construction d’un terminal de réception de GNL et d’un réseau de distribution du gaz jusqu’aux utilisateurs finaux, présenté par la Guinée a suscité de l’intérêt auprès des investisseurs.

A travers les intérêts d’investissement dans des projets jugés bancables d’un montant évalué à 32,8 milliards de dollars, la BAD et ses partenaires contribuent à soutenir l’investissement en Afrique, notamment au niveau des infrastructures dont le déficit sur le continent est criant.

Suite aux succès engrangés lors des 72 heures d’Africa Forum Investment tenus virtuellement, les regards sont désormais orientés vers les Markets Days 2022 de l’Africa Investment Forum qui devraient se dérouler en présentiel à Abidjan, en Côte d’Ivoire, du 2 au 4 novembre 2022.

Enfin, rappelons que les partenaires d’Africa Investment Forum sont la BAD, Africa 50, la Société financière africaine, la Banque africaine d’import-export, la Banque de développement de l’Afrique australe, la Banque de commerce et de développement, la banque européenne d’investissement et la Banque islamique de développement (BID).

Lors des deux premières éditions, l’Africa Forum Investment a conclu 136 transactions d’une valeur de 87,52 milliards de dollars. C’est dire qu’il y a globalement une légère baisse des transactions et du volume des investissements annoncés. Une situation qui peut s’expliquer par le contexte actuel de crise qui pousse certains investisseurs dans l’attentisme. 

Par Kofi Gabriel
Le 21/03/2022 à 14h09, mis à jour le 21/03/2022 à 14h11