Nichée à une quinzaine de kilomètres de la route principale, cette ferme de Dubreka n’est pas seulement un projet d’élevage, c’est une véritable aventure humaine. Un rêve audacieux porté par Abdourahmane Diallo, qui, concomitamment à sa carrière dans le secteur des télécommunications, a décidé de vivre sa passion: l’élevage.
Mais ici, loin des clichés de l’élevage traditionnel, l’objectif est clair: offrir un élevage efficace et respectueux de la nature. «Au départ, l’idée était simple, lancer une ferme de chèvres. Mais un échange fortuit avec un ami malien a tout changé. Ce dernier m’a convaincu du potentiel de l’élevage bovin, m’a suggéré de m’intéresser à l’amélioration génétique vaches laitières. Ce faisant, on pourrait obtenir des animaux plus productifs, tant en lait qu’en viande. C’est là que tout a commencé», raconte Abdourahmane.
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Sans aucune expérience préalable en élevage, Abdourahmane a démarré modestement avec cinq vaches gestantes, prêtes à mettre bas grâce à l’insémination artificielle.
En janvier 2022, la ferme a accueilli ses premières naissances, marquant un tournant décisif dans son projet. «C’est un processus de longue haleine, mais les résultats sont là. Nos vaches locales, par exemple, produisent environ 4 à 5 litres de lait par jour. Mais les vaches métissées, elles, peuvent atteindre entre 8 et 10 litres. L’amélioration génétique porte ses fruits», explique-t-il avec une fierté évidente.
Aujourd’hui, la ferme compte une trentaine de vaches et continue d’évoluer. Les objectifs sont ambitieux. Les deux prochaines années seront consacrées à la transformation du lait en produits dérivés. Mais ce modèle fait face à de nombreux défis. «L’un des plus grands obstacles auxquels j’ai dû faire face a été le manque de vétérinaires spécialisés dans le secteur bovin. La majorité des vétérinaires en Guinée sont formés pour l’aviculture, car les fermes avicoles sont bien plus nombreuses que les fermes bovines. Il a donc fallu chercher des solutions alternatives», raconte-t-il.
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Un autre obstacle majeur est le manque de main-d’œuvre qualifiée. Néanmoins, il a réussi à former une équipe dévouée. Mamadou Albouri, éleveur passionné, veille sur le bien-être des animaux au quotidien. «On envoie les vaches pâturer dès 7 heures du matin, et reviennent vers 12 heures. Quand le patron ramène les compléments alimentaires, on les distribue aux vaches gestantes ou sur le point de mettre bas. Nous n’avons pas de bœufs locaux ici, toutes nos vaches viennent du Mali. L’avantage de Dubreka, c’est que l’herbe est verte presque toute l’année. C’est un environnement idéal pour les vaches», explique-t-il avec enthousiasme.
La ferme de Dubreka est bien plus qu’un simple site de production laitière. C’est un projet visionnaire qui prouve qu’avec de la passion, de la détermination et un profond respect pour la nature, il est possible de construire un modèle d’élevage viable, moderne et respectueux de l’environnement.



