Guinée: arrestation musclée de plusieurs membres d'un collectif

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Le 05/07/2022 à 21h17, mis à jour le 05/07/2022 à 21h20

Plusieurs membres d'une coalition dont son dirigeant qui a récemment menacé de manifester contre la junte ont été violemment interpellés mardi par la police à Conakry, après des sorties visant le Parlement de transition et la justice, ont indiqué le parquet et leur avocat.

La police a arrêté trois membres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), une coalition qui avait orchestré des mois de mobilisation de 2019 à 2021 contre l'ancien président Alpha Condé (2010-2021), renversé en septembre 2021 par une junte dirigée par le colonel Mamady Doumbouya.

Le coordonnateur national du FNDC, Oumar Sylla dit Foniké Mengué, Mamadou Billo Bah et le rappeur Djanii Alfa, ont été violemment arrêtés par la police au siège de leur coalition où ils tenaient une conférence de presse. Les deux premiers ont été battus et leurs vêtements déchirés par des policiers, a constaté un journaliste de l'AFP.

Sylla et Bah sont poursuivis pour avoir «produit et diffusé par le biais d'un système informatique des propos injurieux contre le Conseil national de transition (CNT)», le Parlement de transition mis en place par la junte, a expliqué mardi le procureur de la Cour d'Appel de Conakry, Alphonse Richard Wright, sur la radio privée Fim Fm.

Le rappeur Djanii Alfa avait récemment critiqué des propos du président du CNT, Dansa Kourouma, qui prônait un regroupement des partis de Guinée dans deux ou trois blocs en fonction de leur idéologie, avant d'être menacé d'arrestation par le procureur, a affirmé l'avocat Me Salifou Béavogui à l'AFP.

Sylla avait critiqué ces menaces du procureur sur sa page Facebook. Les propos reprochés à Bah n'ont pas été précisés.

Les trois hommes étaient détenus mardi dans les locaux de la police judiciaire et présentaient des «blessures ouvertes sur plusieurs parties de leur corps» provoquées par leur arrestation, a assuré Me Béavogui.

Le FNDC avait appelé vendredi à manifester le 23 juin, passant outre à l'interdiction édictée par la junte. Il avait suspendu son appel pour «donner une chance» au dialogue proposé par le gouvernement de transition.

Vendredi, le FNDC avait dénoncé «une parodie de rencontre» mais aussi «la conduite solitaire et autoritaire de la transition» et «les atteintes graves portées aux droits et libertés fondamentaux».

Le chef de la junte, le colonel Mamady Doumbouya, s'est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans.

La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a rejeté dimanche ce délai, lors d'une réunion à Accra, sans annoncer de nouvelles sanctions contre la Guinée, déjà suspendue des organes de l'organisation.

Elle a nommé un nouveau médiateur, l'ancien président béninois Thomas Boni Yayi.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 05/07/2022 à 21h17, mis à jour le 05/07/2022 à 21h20