Union Africaine: le Maroc souhaite abriter le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies

Laboratoire de recherche.

Laboratoire de recherche. . DR

Le 10/06/2020 à 08h47, mis à jour le 11/06/2020 à 16h58

Le quotidien sud-africain The Daily Maverick fait état de divisions au sein de la Commission de l’Union africaine (UA) au sujet de la construction du siège du futur Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC), tout en citant le Maroc parmi les pays pouvant abriter ce centre.

La publication indique que l'Afrique du Sud a été appelée à user de tout son poids pour empêcher la Commission de l’UA de confier à la Chine la construction du CDC à Addis-Abeba sans l’aval officiel des pays membres de l’organisation.

Certains pays membres ont exprimé leurs préoccupations sur le fait que la Commission a court-circuité les processus d’approbation appropriés pour la construction du CDC, un projet estimé à 80 millions de dollars, indique le journal, soulignant que certains pays estiment que le Maroc, qui souhaite également accueillir ce centre, est techniquement mieux placé que l’Ethiopie pour l'abriter.

La publication rappelle que la Commission de l’UA, basée à Addis-Abeba, avait annoncé, début février, que «la pierre angulaire a déjà été posée» pour le nouveau bâtiment du siège.

Des diplomates en poste à Addis-Abeba, cités par le journal sud-africain, indiquent que la Commission africaine a déjà signé un protocole d’accord avec la Chine approuvant le projet, concédant que les Etats membres n’ont pas été informés officiellement.

«En tant qu’Etats membres, nous n’avons aucune information sur le projet», a déclaré un diplomate. Le Daily Maverick relève que la construction du CDC africain s’ajoute aux points de discorde entre la Chine et les Etats-Unis.

Des sources diplomatiques ont fait savoir que Washington était préoccupé par la prise de contrôle par Pékin de la gestion sanitaire en Afrique, si la Commission africaine confiait à la Chine la construction du siège du futur centre, poursuit le journal, relevant que Washington croit que la construction du siège de ce centre pourrait permettre à Pékin d’installer des équipements pour espionner le CDC africain, y compris par le biais de la collecte de données sur les patients africains, des données qui pourraient être précieuses pour la Chine dans le développement de futurs médicaments.

Et le journal d’ajouter, toujours citant des sources diplomatiques, que le contournement des procédures par la Commission africaine pose problème pour plusieurs pays, y compris pour l’Afrique du Sud.

Cependant, ces sources ne sont pas sûres sur le fait que l’Afrique du Sud soit prête à entrer en conflit ouvert avec la Chine, qui a fait montre de générosité envers le continent à travers l’octroi d’équipements dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, indique le Daily Maverick, soulignant que les mauvaises relations entre le Maroc et l’Afrique du Sud pourrait décourager Pretoria à s’opposer au choix de l’Ethiopie pour abriter le siège du CDC.

Le journal a, d’autre part, indiqué que le Maroc et la Côte d’Ivoire ont fait circuler des lettres diplomatiques aux ambassades africaines auprès de l’UA, comprenant des propositions alternatives, offrant d’abriter le siège du CDC.

D’après le journal sud-africain, qui cite des responsables américains, Washington soutient l’offre du Maroc d’abriter le centre mais n’a pas encore officiellement confirmé ce soutien. Les responsables américains estiment en effet que le Maroc est mieux placé techniquement pour abriter une agence aussi sophistiquée, souligne le Daily Maverick.

Le CDC, basé provisoirement à Addis-Abeba et dont le Conseil d’administration est présidé actuellement par le ministre de la Santé du Togo, a été lancé le 31 décembre 2017 en tant qu’institution technique spécialisée de l’Union Africaine chargée de promouvoir la prévention et le contrôle des maladies en Afrique.

Par Rahim Sefrioui
Le 10/06/2020 à 08h47, mis à jour le 11/06/2020 à 16h58