Mauritanie: la CMAF organise une marche contre l'esclavage, à Paris

Le360

Le 11/05/2017 à 13h51

Le Collectif des Mauritaniens de France (CMAF) annonce une marche contre l'esclavage en Mauritanie, ce samedi 13 mai à Paris, à l'occasion de la journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition.

Le Collectif des Mauritaniens de France (CMAF) va célébrer la journée internationale du souvenir de la traite négrière et à son abolition par le biais d'une marche organisée à Paris le samedi 13 mai 2017, sur le thème «Ne pas oublier la Mauritanie où se perpétue le fléau», selon une annonce faite jeudi.

Le CMAF estime que «malgré l’interdiction de la traite, il existe de nouvelles formes d’esclavage dans le pays. Il s’agit d’interpeller l’opinion française et internationale sur la situation dramatique que vivent les Haratines, ces anciens esclaves et descendants d’esclaves, maintenus en marge de la société avec la complicité du pouvoir», affirme le coordonnateur du collectif, Soulemane Niang, dans la presse française.

En effet, pour le responsable de cette association «l’esclavage sévit toujours. C’est-à-dire qu’on fait accomplir aux victimes toutes les tâches pénibles sans les payer. Des domestiques ont été envoyés en Arabie Saoudite et abandonnés à leur sort. Des individus sont dépossédés de leurs terres et l’Etat fait tout pour ne pas éduquer des populations qui vivent en marge, abandonnées à elles-mêmes à la périphérie des grands centres urbains. Une situation lourde de menaces pour l’unité et la cohésion du pays».

La célébration de cette journée par le CMAF intervient une semaine après le retour mouvementé en Mauritanie de Biram Ould Dah Ould Abeid, leader de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), candidat malheureux à l’élection présidentielle du 21 juin 2014, prix des Nations unies (ONU) pour les droits de l’Homme en décembre 2013.

Celui-ci estime que «20% des Haratines vivaient encore sous le joug de l’esclavage fin 2015».

La pratique de l’esclavage a été abolie plusieurs fois en Mauritanie depuis la fin des années 1970, et elle est qualifiée de crime contre l’humanité par une nouvelle législation pénale adoptée en 2016.

Le président Mohamed Ould Abdel Aziz admettait «la subsistance de quelques séquelles» au cours d’une conférence de presse organisée en mai 2015. Toutefois, les ONG qui luttent contre l'esclavage récusent l'appellation "séquelles" parlant de la pérennisation du système dans certaines régions du pays.

Face à cette situation, le gouvernement mauritanien, très critiqué dans le dernier compte rendu du rapporteur des Nations unies sur les droits de l'Homme et l'extrême pauvreté, met actuellement en œuvre une feuille de route en 29 points en vue d’éradiquer ces "séquelles".

La dernière manifestation contre "l’esclavage" ou "ses séquelles" remonte au 29 avril 2017 dernier, avec l’organisation d’une imposante marche pour célébrer le quatrième anniversaire de la publication du "Manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux des Haratines".

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 11/05/2017 à 13h51