Coup d’envoi de la COP27, avec le financement des dégâts au menu

Des militants végétaliens manifestent à l'entrée du Centre de convention international de Sharm El Sheikh, dans la station balnéaire égyptienne du même nom, le 6 novembre 2022, lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique 2022, plus communément appelée COP27.

Des militants végétaliens manifestent à l'entrée du Centre de convention international de Sharm El Sheikh, dans la station balnéaire égyptienne du même nom, le 6 novembre 2022, lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique 2022, plus communément appelée COP27.. AFP or licensors

Le 07/11/2022 à 07h42

La conférence de l’ONU sur le climat s’est ouverte dimanche à Charm el-Cheikh en Egypte avec une nouvelle mise en garde sur une accélération du réchauffement climatique, dont le financement des dégâts sera pour la première fois officiellement au menu des discussions.

Les huit années de 2015 à 2022 seront les plus chaudes jamais enregistrées, s’est ainsi alarmée dimanche l’Organisation météorologique mondiale (OMM) dans un rapport publié à l’occasion de l’ouverture du grand rassemblement mondial annuel sur le changement climatique.

«Alors que la COP27 commence, notre planète envoie un signal de détresse», a commenté le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres dans un message vidéo aux participants, évoquant une «chronique du chaos climatique».

Jusqu’au 18 novembre, les délégués de près de 200 pays vont tenter de donner un nouveau souffle à la lutte contre le réchauffement, alors que les crises multiples et liées qui secouent le monde - guerre en Ukraine, inflation et menace de récession, crise alimentaire - font craindre qu’elle passe au second plan.

«Mettons en oeuvre ensemble (nos engagements) pour l’humanité et notre planète», a lancé en ouverture le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri, qui préside la COP27.

Car les impacts du changement climatique se multiplient, comme l’a illustré le cortège de catastrophes qui ont frappé la planète en 2022: inondations historiques au Pakistan, canicules à répétition en Europe, ouragans, incendies, sécheresses...

Désastres dont les coûts se chiffrent déjà en dizaines de milliards et pour lesquels les pays du Sud réclament des dédommagements financiers.

Cette question délicate des «pertes et dommages» a été officiellement ajoutée à l’ordre du jour des discussions lors de la cérémonie d’ouverture, alors qu’elle ne devait jusqu’alors faire l’objet que d’un «dialogue», prévu jusqu’en 2024.

«Cette inclusion à l’agenda reflète un sens de la solidarité et de l’empathie pour la souffrance des victimes des catastrophes causées par le climat», a souligné Sameh Choukri.

Le patron de l’ONU-Climat, Simon Stiell, a parlé d’une question «cruciale».

Défiance

«On jugera du succès ou de l’échec de la COP27 sur un accord sur cette facilité de financement des pertes et dommages», avait prévenu Munir Akram, ambassadeur du Pakistan à l’ONU et président du G77+Chine, qui représente plus de 130 pays émergents et pauvres.

La défiance des pays en développement est forte alors que la promesse des pays du Nord de porter à 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 leur aide à ceux du Sud pour réduire leurs émissions et se préparer aux impacts n’est pas tenue.

Accord ou non sur un mécanisme spécial pour financer les «pertes et dommages» ou sur un nouvel objectif pour prendre la suite des 100 milliards à partir de 2025, les besoins de financement se comptent en «milliards de milliards», dit à l’AFP Michai Robertson, négociateur pour l’Alliance des petits Etats insulaires (Aosis), jugeant que ce sera impossible sans le secteur privé.

Autre dossier brûlant: éviter une «reculade» sur les engagements de réduction des émissions, déjà insuffisants. Seuls 29 pays ont déposé depuis la COP de 2021 des plans de réductions rehaussés, alors même qu’ils avaient adopté un «pacte» les appelant à le faire.

Les émissions de gaz à effet de serre doivent en effet baisser de 45% d’ici 2030 pour avoir une chance de limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris.

Mais les engagements actuels des Etats signataires, même s’ils étaient enfin respectés, entraîneraient une hausse de 5 à 10% des émissions, mettant le monde sur une trajectoire au mieux de 2,4°C d’ici la fin du siècle.

Loin de respecter l’objectif principal de l’accord de Paris de moins de 2°C par rapport à l’époque où les humains ont commencé à brûler à grande échelle les énergies fossiles (charbon, pétrole ou gaz) responsables du réchauffement.

«Aucune piste crédible»

Avec les politiques menées actuellement, c’est un catastrophique +2,8°C qui se profile, selon l’ONU.

Les agences spécialisées de l’ONU ne voient ainsi « aucune piste crédible » pour tenir l’objectif de 1,5°C.

Plus de 120 chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus lundi et mardi pour un sommet censé donner une impulsion à ces deux semaines de négociations.

Sans le président chinois Xi Jinping ni l’Américain Joe Biden, qui passera rapidement à la COP le 11 novembre. La coopération entre les deux principaux émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre, dont les relations sont tendues, est pourtant cruciale. MM. Xi et Biden pourraient toutefois se rencontrer à Bali la semaine suivante en marge du G20.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, ardent soutien de la production pétrolière, sera par contre présent à Charm el-Cheikh.

Ainsi que le nouveau Premier ministre britannique Rishi Sunak, qui a assuré qu’il évoquerait par ailleurs en Egypte le cas du détenu politique britannico-égyptien Alaa Abdel Fattah, en grève de la faim et qui a selon sa famille cessé de boire dimanche.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 07/11/2022 à 07h42