Mali: faut-il dissoudre ou diminuer le nombre des partis politiques? Ce qu’en pensent les concernés

Le débat sur la refonte de la charte des partis politiques est toujours d'actualité au Mali.

Le 23/04/2025 à 12h33

VidéoAlors que les concertations sur la refonte de la charte des partis politiques s’achèvent, les divergences persistent. Entre la réduction du nombre de partis, leur financement et le respect du multipartisme constitutionnel, les défis de la transition sont complexes.

Le Mali compte actuellement plus de 282 partis politiques dont la majorité ne remplit pas les conditions exigées par la loi. Alors que le pays repense sa gouvernance politique, la question du multipartisme cristallise tensions et espoirs. Entre légalité et pragmatisme, quel équilibre trouver? La concertation sur la relecture de la charte des partis politiques a pris fin il y a quelque jours. Les Assisses ont été tenues dans toutes les capitales régionales ainsi que le district de Bamako en décembre 2022 pour «construire une solution de sortie de crise» au Mali.

Pour Nouhoum Togo, président du parti Union pour la Sauvegarde de la République, «les Assises nationales de la refondation ont demandé la réduction du nombre des partis politiques et de leur financement mais n’a jamais été question de dissoudre les partis politiques. Les responsables politiques sont mis d’accord pour que les autorités de la transition revoient le nombre de ces formations à caractère politique», fait-il remarquer.

Pour étayer ses assertions, Nouhoum Togo rappelle que «la nouvelle Constitution reconnaissant l’existence des partis politiques, les Assises n’avaient pas à recommander leur suppression. Il ne fallait pas dépenser tout cet argent pris au contribuable malien pour l’organisation de ces Assises.»

Les craintes exprimées par Nouhoum Togo est l’annonce par le gouvernement de transition, d’une consultation des «forces vives» du pays sur la relecture de la charte des partis politique. Ces consultations ont commencé le 16 avril et devraient s’achever le 29 avril pour la phase nationale. Certains partis politiques disent craindre que l’objectif réel de ces consultations soit leur pure et simple dissolution.

«Faire comme le Burkina et le Niger»

Vice-président de la Commission défense et sécurité du Conseil national de Transition et président fondateur du Collectif pour la refondation du Mali, Fousseynou Ouattara pense exactement le contraire «le Mali est membre de la Confédération des Etats du Sahel. Si les deux autres pays membres, le Niger et le Burkina Faso, ont déjà dissous leurs partis politiques, le Mali devrait également aller dans ce sens».

Pour lui, «les autorités de la transition doivent assumer car le peuple s’est prononcé sur la question à plusieurs reprises». Il conclut en disant que «la meilleure façon de réduire le nombre des partis politiques, c’est de les dissoudre d’abord et d’aller sur une nouvelle base par la suite», recommande-t-il.

La prolifération des partis politiques remonte à 1997 selon Aboubacar Sidiki Fomba, membre du Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif du Mali en remplacement de l’Assemblée nationale au cours de la période de transition. Selon lui, c’est «le financement qui est à l’origine de leur prolifération». À l’en croire, avant le coup d’État de la junte en août 2020, il y avait 282 partis politiques dont 241 ont accepté d’aller aux Assises nationales de la refondation de l’Etat alors que 41 avaient refusé.

Par Diemba Moussa Konaté (Bamako, correspondance)
Le 23/04/2025 à 12h33