La simple détention de la carte d’identité de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ne garantit plus l’entrée en Côte d’Ivoire aux ressortissants de la sous-région. Les Sénégalais, les Gambiens, les Maliens et les Burkinabé devront se présenter avec un passeport biométrique, un laissez-passer ou un sauf-conduit pour être sûrs de franchir les frontières ivoiriennes. Et, sauf respect de ces dispositions, tous les ressortissants des quinze pays de la CEDEAO, candidats à immigration en Côte d’Ivoire, seront éconduits.
Une mesure anti-Zleca
La mesure prise par les autorités ivoiriennes de filtrer les entrées tombe au moment où la plupart des responsables de la sous-région ouest-africaine, et d’une bonne partie du continent, plaident en faveur de la libre circulation des personnes et des biens.
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La Côte d’Ivoire, membre à part entière de la CEDEAO, regroupement souvent cité comme un exemple de réussite sous-régionale dans le continent, vient, avec cette restriction, ajouter une difficulté à la libre circulation des personnes au sein de cet espace régional.
La sécurité comme argument
Interpellée sur les raisons de cette nouvelle mesure qui ne va pas dans le sens d'une plus grande intégration de la région, une autorité ivoirienne tente de dédouaner son pays et explique que «la Côte d’Ivoire n’est pas le premier pays à appliquer une pareille mesure. Depuis bien longtemps, on ne peut entrer à l’aéroport d’Accra, au Ghana, si on n’a qu’une carte d’identité, fut-elle de la CEDEAO». «Nous n’avons fait que suivre», poursuit-il.
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Selon lui, cette disposition permet aussi de mieux sécuriser les frontières de la Côte d’Ivoire dans un contexte où la menace terroriste est de plus en plus importante.
«Il est relativement facile pour n’importe quelle personne de se procurer une carte d’identité de la CEDEAO. Alors que pour le passeport biométrique, toutes les normes de sécurité sont respectées. Ceci pourrait nous mettre à l’abri d’éventuels malfaiteurs», renchérit un autre responsable ivoirien.
La décision des autorités ivoiriennes de durcir les conditions d’entrée en Côte d’Ivoire pour les ressortissants de la sous-région soulève une question au sein de la forte communauté sénégalaise qui vit dans ce pays. Pourquoi l’Etat a-t-il débloqué 50 milliards de francs CFA payés par le contribuable pour doter les Sénégalais d'une carte d’identité de la CEDEAO si celle-ci ne peut pas leur servir dans leur pays d’accueil?
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Une fois de plus, la CEDEAO qui, en principe, devrait être un instrument d’intégration des pays ouest-africains montre ses limites. La plupart des dirigeants des pays membres brandissent l’argument de la «souveraineté nationale» pour prendre des décisions sans concertation avec les autres membres de la communauté.