De tout le pays et au-delà, les disciples convergent depuis des jours vers Touba (centre), ville sainte du mouridisme et deuxième agglomération sénégalaise avec plus d'1,5 million d'habitants, pour le grand rassemblement de la confrérie prévu mardi.
Jamais depuis l'apparition du coronavirus, le Sénégal n'a connu de manifestation d'une telle ampleur.
En mars, quand la pandémie avait atteint le pays, l'ensemble des confréries soufies avaient annulé leurs rassemblements, s'alignant sur les décisions fermes des autorités civiles. Les célébrations collectives ont été réduites au minimum pendant des semaines.
Depuis, face aux dégâts économiques et sociaux, le gouvernement a levé le couvre-feu et l'état d'urgence. Il s'enorgueillit aussi prudemment de l'efficacité de sa riposte sanitaire. Le pays compte officiellement plus de 15.000 cas, dont 311 morts.
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Début septembre, le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, a levé les incertitudes quant à la tenue du Magal (célébration, en langue nationale wolof): malgré la persistance de l'épidémie, il aurait bien lieu, dans le strict respect des mesures barrière, dont le port obligatoire du masque.
"Bouclier" contre le virus
Il a appelé à la générosité publique pour pouvoir distribuer cinq millions de masques aux pèlerins, a indiqué son porte-parole, Serigne Bassirou Abdou Khadre Mbacké.
Les mourides, d'obédience soufie (sunnite), forment l'une des quatre principales confréries qui continuent à jouer un rôle prépondérant dans la vie quotidienne des Sénégalais, musulmans pour plus de 90% d'entre eux. Les chefs en sont des figures éminemment respectées, écoutées des politiques.
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L'autre grande confrérie, les tidianes, n'a pas encore arrêté sa position sur l'organisation de son propre rassemblement majeur, le "Gamou", fin octobre à Tivaouane, à environ 90 km à l'est de Dakar.
L'évolution épidémiologique sera scrutée avec attention au lendemain du Magal tant l'agglutinement auquel donne lieu le pèlerinage semble propice à la propagation du virus.
"On peut être rassuré parce que Serigne Touba va s'ériger en bouclier entre la maladie et nous", a affirmé le porte-parole, cité par les médias. Il faisait référence au fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), dit Serigne Touba.
Le Magal marque l'anniversaire, dans le calendrier musulman, du départ en exil au Gabon de Cheikh Ahmadou Bamba, sur décision des autorités coloniales françaises.
Sens de la discipline
Cette édition ne comportera exceptionnellement pas de cérémonie officielle et les conférences se dérouleront sur internet. Pour entrer dans la grande mosquée de Touba, les fidèles devront attendre dans une file unique et porter le masque.
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Les autorités ont exprimé leur confiance dans l'autorité morale du khalife et le sens de la discipline des mourides.
"Si vos recommandations sont suivies à la lettre, nous pouvons espérer un Magal sans risque", a déclaré le président Macky Sall au khalife lors d'une visite lundi à Touba.
Le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, en déplacement dans la ville sainte jeudi, s'est dit "rassuré" par le dispositif, précisant que 5.000 agents de son ministère seraient déployés à Touba.
D'autres départements gouvernementaux ont adopté des mesures plus volontaristes.
La ministre de la Microfinance Zahra Iyane Thiam avait pris une circulaire imposant aux fonctionnaires de ses services qui bénéficieraient d'une "autorisation d'absence" de deux jours pour le Magal, d'observer une quatorzaine sur leurs congés, avant de reprendre le travail.
Le ministère a finalement annoncé, "au regard de l'émotion suscitée et de l'interprétation qui en a découlé", surseoir à l'application de la circulaire, selon un communiqué.