Minerai considéré comme stratégique car rentrant dans la production de nombreux produits, notamment dans le domaine de transition énergétique, le cobalt est actuellement produit en faible quantité par seulement une poignée de pays à travers le monde. Actuellement, plus de 75% de la production mondiale est assurée par les pays africains, dont essentiellement la République démocratique du Congo (RDC).
Ainsi, selon Cobalt Institute, la production de cobalt au niveau mondial s’est établie à 198.000 tonnes en 2022. Sur ce volume, la production de la RDC a atteint 145.000 tonnes, soit une part de marché de 73, 23%.
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Le passage à des énergies respectueuses de l’environnement fait que ce soit la demande de l’industrie automobile électrique qui est la plus forte actuellement. En 2021, cette demande a représenté 34% de celle du minerai. Selon les projections, cette part devrait croitre à un rythme soutenu pour dépasser la barre des 50% à l’horizon 2026.
Et pour cause, les batteries contenant du cobalt ont conservé une forte part du marché des véhicules électriques. Elles sont jugées essentielles pour la sécurité, les performances et la stabilité des véhicules électriques. Ainsi, en 2022, la demande de cobalt du secteur automobile s’est établie à 74.000 tonnes, contre 54.000 tonnes une année auparavant, portant sa part de marché à 40% du marché total de cobalt, devant ceux des portables (30%), des super-alliages (9%) et des métaux durs (5%).
Dans cette optique, la RDC qui contrôle le marché et qui détient 50% des réserves mondiales de cobalt a une importante carte à jouer. D’ailleurs, le pays compte tirer pleinement profit du boom de la demande en ce minerai et de sa position de leader en misant sur la transformation et le développement d’une industrie de batteries électriques localement.
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Seulement, le pays est pour le moment mal engagé dans ce processus: l’impact de la production de cobalt par la RDC est négligeable. Et pour cause, la Chine est l’acteur clé de l’exploitation du minerai dans le pays depuis le lancement, en 2007, de la Sino-Congolaise des Mines (Sicomines). Ainsi, la majorité des opérations d’exploitation du cobalt en RDC est entièrement ou partiellement contrôlée par les Chinois qui exportent la matière première pour la transformer en Chine.
Actuellement, seulement 1% de la production du cobalt de la RDC est raffinée localement. C’est dire que la RDC ne tire aucune valeur ajoutée réelle de ce minerai d’avenir. Quant à la Chine, qui ne figure pas parmi les producteurs mondiaux du minerai, elle contrôle 76% de la production du cobalt mondial raffiné.
Une situation qui fait que les relations entre les deux pays sont tendues. Le président congolais Félix Tshisekedi a accusé l’ancien président Joseph Kabila d’avoir signé avec les Chinois des contrats déséquilibrés et souhaite les renégocier.
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Parallèlement, en janvier 2023, les Etats-Unis ont signé un mémorandum d’accord avec la RDC et la Zambie sur les chaînes de valeur des batteries de véhicules électriques. Si cela peut ouvrir la possibilité pour la RDC de transformer une partie de sa production et créer de la valeur ajoutée, pour les Etats-Unis, c’est une opportunité de réduire sa dépendance à l’égard de la Chine pour les minéraux et les batteries électriques.
Cet intérêt pour la transformation locale du minerai est d’autant plus crucial que la domination écrasante de la RDC sur la production du cobalt au niveau mondial devrait se réduire dans les années à venir mais tout en restant forte. Et pour cause, de nouveaux acteurs ont émergé. C’est le cas particulièrement de l’Indonésie qui a ravi la seconde place des producteurs en dépassant l’Australie (7.000 tonnes) et les Philippines (5.400 tonnes), en portant sa production de 2.700 tonnes en 2021 à 9.500 en 2022.
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Avec une part de marché de 5% en 2022, ce pays pourrait porter sa part de marché à 20% d’ici 2030 avec le lancement de nouveaux projets. Mieux, «l’Indonésie a le potentiel de multiplier par 10 sa production de cobalt d’ici 2030», selon Cobalt Institute. C’est dire qu’à l’horizon 2030, la part de marché de la production de cobalt de la RDC pourrait tomber sous la barre des 50%.