Algérie: la crise plombe tous les projets de logements

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Le 26/04/2017 à 06h23, mis à jour le 27/04/2017 à 12h41

Revue de presseLe secteur immobilier algérien est en crise profonde. L’Etat n’ayant plus de ressources, les chantiers sont à l’arrêt. Les entreprises étrangères trainent une ardoise de 1,2 milliard de dollars d’impayés et menacent de quitter le pays.

Kiosque le 360 Afrique: «Depuis presque trois ans, le monde est confronté à la crise pétrolière face à laquelle nous avons choisi la voie difficile, la voie du labeur, de la production et de la diversification de l’économie, en dépit des solutions de facilité proposées par de nombreux experts comme le renoncement aux acquis sociaux ou le recours à l’endettement», dixit Abdelmalek Sellal, Premier ministre algérien.

Seulement, sur le terrain, c’est une autre réalité. La voie pour laquelle a opté le gouvernement Sellal est en train d’enfoncer le pays davantage dans la crise. Cette dernière est reflétée par la situation catastrophique que traverse le secteur du bâtiment et travaux publics (BTP).

Ainsi, après les arrêts des chantiers ambitieux du tramway dans plusieurs villes algériennes, c’est le secteur du logement qui traverse une situation catastrophique avec des chantiers totalement l’arrêt.

Aujourd’hui, «les chantiers de construction de tous types de logements (LPF, social, AADL et rural) sont à l’arrêt depuis plus de quatre mois, faute de financements», souligne tsa-algerie.com.

Ces arrêts s’expliquent par la crise financière que connaît le pays et qui est liée à la conjoncture difficile que traverse l’Algérie dans le sillage de la chute du cours du baril de pétrole.

A cause de cette situation financière, les banques algériennes rechignent elles aussi à financer les entreprises qui réalisent les projets immobiliers afin de ne pas s’exposer davantage sur ce segment du marché. Et pour cause, «il y a 130 milliards de dinars de créances impayées, réclamées par les entreprises de réalisation. Le CPA et la CNEP refusent de débloquer l’argent et de payer les entreprises de réalisation», souligne le site d’information citant une source proche du dossier.

Conséquence: tous les chantiers soutenus par l’Etat algérien sont à l’arrêt. Outre les entreprises algériennes, plusieurs opérateurs étrangers étaient engagés dans la construction de logements. Ces derniers, à l’instar des entreprises algériennes, croulent sous le poids des créances impayées. Le site d’information avance «plus de 1,2 milliard de dollars de créances impayées auprès des entreprises étrangères», dont certaines menacent de quitter le pays.

L’arrêt des chantiers entraine le mécontentement des souscripteurs qui risquent d’attendre encore longtemps pour se voir livrer leurs logements. Ainsi, d’après le site d’information, «l’arrêt des travaux a provoqué le report de la livraison de 54.000 logements AADLI». Pire, «les projets de l’habitat rural sont gelés», à cause du manque de fonds.

Cette situation ne manquera pas d’impacter négativement sur tout le secteur du bâtiment. Outre les cimentiers qui risquent de se retrouver avec des stocks importants de ciment, sachant qu’en plus des logements, plusieurs chantiers d’infrastructures publics sont gelés, ce sont des centaines de PME et TPE du secteur du BTP qui risquent de se retrouver en difficulté. Et sachant que le BTP figure parmi les plus gros employeurs du pays, le taux de chômage qui devrait passer au-dessus des 13%, selon le FMI, pourrait grimper de façon vertigineuse.

Sellal aurait dû opter pour une autre voie que celle à travers laquelle il mène l’Algérie actuellement. Les milliards de dollars consacrés à l’achat d’armement auraient au moins mieux servi en contribuant à offrir aux Algériens des logements décents, sans détruire leur pouvoir d’achat avec les hausses des taxes (TVA) et des prix de certains produits avec comme conséquence une forte inflation (7% en glissement annuel à fin mars).

Par Karim Zeidane
Le 26/04/2017 à 06h23, mis à jour le 27/04/2017 à 12h41