Vidéo. Algérie: interrogations dans la presse et pression dans la rue

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Le 03/04/2019 à 13h33, mis à jour le 03/04/2019 à 15h36

VidéoLa démission de Bouteflika était prévisible. Mais les Algériens se posent des question sur ce que leur réserve l'avenir. Les associations anti-régime demandent de maintenir la pression sur le système pour qu'il dégage une bonne fois pour toute. Tour d'horizon de la presse de ce mercredi 3 avril.

Que le président Abdelaziz Bouteflika abdique n'a pas été une surprise pour la presse algérienne de ce mercredi 3 avril. Mais qu'il démissionne dans ces conditions n'a laissé aucun chroniqueur de marbre. Certains se posent des questions, d'autres se contentent d'évoquer la manière peu honorable avec laquelle le quatrième mandat prend fin. Alors que d'autres encore évoquent les incertitudes des lendemains de cette démission.

Un organe que l'on sait proche de l'armée s'est intéressé de près à "l'intrigant cinquième paragraphe de la lettre de démission de Bouteflika". Dans ce dernier, le désormais ex-président algérien affirme avoir "pris les mesures appropriées dans l’exercice de mes prérogatives constitutionnelles pour les besoins de la continuité de l’Etat et du fonctionnement normal de ses institutions durant la période de transition devant mener à l’élection du nouveau président de la République".

Evidemment, il y a lieu de s'interroger sur lesdites mesures "appropriées". S'agit-il de la menace brandie la veille et qui ferait allusion à Ahmed Gaïd Salah que Saïd Bouteflika aimerait bien entraîner dans sa chute? Ou bien est-ce un simple baroud d'honneur?

Les Algériens devront attendre le prochain bulletin officiel pour en avoir le cœur net. En attendant, ils s’accordent à dire qu'en déposant les armes, le clan Bouteflika s'évite la prison. Pour certains, du moins et pour le moment.

Pour autant, il ne s'agit pas de la sortie dont rêvait Abdelaziz Bouteflika, lui qui disait à qui voulait l'entendre qu'il mourrait à son poste de chef d'Etat. A quelqu'un qui lui demandait quand il comptait quitter le pouvoir, n'avait-il pas servi une réplique digne d'une production hollywoodienne: "Moi je sais. Dieu, un peu"?

Dans le quotidien El Watan, on estime qu'il "n’aurait jamais imaginé une sortie de scène aussi affligeante, lui qui avait juré de mourir au pouvoir. Il se retire contraint et forcé". 

"Abdelaziz Bouteflika quitte le pouvoir, et de manière dramatique. Au terme d’une interminable journée pleine de suspense, le chef de l’Etat a fini par céder sous la double pression d’une insurrection populaire et du poids écrasant de l’armée", note le journal.

"Ironie de l’histoire, c’est le dernier des «mohicans» de l’armée, repêché par Bouteflika en 2004, qui va lui donner le coup de grâce. Il ne lui assure même pas une sortie honorable. Sans gloire, le roi déchu est «bouffé» par un général", conclut El Watan.

Le site Tout sur l'Algérie s'intéresse, lui, à ce que pensent les politiques, de même que la société civile. Ali Benflis estime qu'on devrait d'abord se débarrasser des trois B, en plus de celui qui vient de quitter la scène.

Ainsi, Bensalah Abdelkader, président du Sénat, Belaid Tayeb, nommé à la tête du Conseil Constitutionnel le 10 février dernier et Bedoui Noureddine, Premier ministre depuis le 12 mars, n'ont rien à faire à leurs postes respectifs après le départ de Bouteflika. C'est du moins, ce que pense Ali Benflis qui avait retiré sa candidature à la présidentielle avant que cette dernière ne soit annulée.

Il semblerait que ce soit le même son de cloche un peu partout. Tout sur l'Algérie relate de nombreuses manifestations qui exigent le départ de tout le système. L'une d'elle est organisée par Karim Tabbou devant la grande poste d'Alger, et appelle au départ de tout le régime.

Dans un communiqué, un collectif d’associations refuse catégoriquement "une transition politique dans le système". Il estime que "la marche vers la deuxième république est irréversible", avant d'appeler "à maintenir la pression par la mobilisation pacifique et à sortir massivement pour les manifestations de ce vendredi 5 avril 2019 partout en Algérie et réaffirmer la volonté populaire pour le changement démocratique".

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 03/04/2019 à 13h33, mis à jour le 03/04/2019 à 15h36