Dans un communiqué daté du 12 octobre dernier, les experts des droits de l’homme de l’ONU ont demandé au Cameroun de libérer les personnes interpellées lors des «marches pacifiques» de l’opposition organisées le 22 septembre, notamment l’opposant Maurice Kamto.
Mais pour le gouvernement camerounais, ces marches, interdites par les autorités, n’étaient «nullement» pacifiques. Surtout si l’on en juge par la déclaration du leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) du 24 août dernier appelant «ses partisans à des menées très clairement insurrectionnelles» en vue de renverser les institutions de la République, dont le président Paul Biya, a réagi le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi.
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«En dépit des mises en garde des autorités administratives et des forces vives de la nation, et au mépris des condamnations de la communauté nationale tout entière, notamment au sujet du caractère illégal desdites marches, (…) le leader du MRC et ses 4 affidés ont pris sur eux de braver les lois et règlements de la République, en violant l’interdiction de manifestations publiques qui leur a été formellement signifiée par les autorités administratives compétentes», a déclaré le porte-parole du gouvernement lors d’une communication ce 14 octobre.
Yaoundé réfute également le nombre de personnes interpellées lors desdites marches. Les experts des droits de l’homme de l’ONU parlent de «plus de 500 personnes» arrêtées, tandis que le gouvernement affirme que 294 partisans du MRC ont été interpellés à Yaoundé, Douala et Bafoussam.
Selon le ministre de la Communication, 176 personnes ont été remises en liberté à la suite des procédures judiciaires «immédiatement enclenchées» et qui ont permis d’établir les responsabilités des uns et des autres. Neuf personnes, qui ont été «formellement» identifiées comme les leaders, planificateurs ou organisateurs de ces marches après auditions et confrontations, sont actuellement entre les mains de la justice.
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Tandis que 109 autres ont été déférées aux parquets près les tribunaux militaires de Douala et de Bafoussam, a énoncé le membre du gouvernement. «Le Cameroun est un Etat de droit où les réunions et manifestations publiques sont régies par des lois, en vertu desquelles les marches programmées le 22 septembre 2020 par le MRC ont été interdites, au motif qu’elles n’avaient rien de "pacifique" et qu’elles étaient de nature à troubler gravement l’ordre public», a tenu à préciser René Emmanuel Sadi.
Concernant les inquiétudes de l’ONU sur les allégations de disparitions forcées, de détentions arbitraires et de mauvais traitements infligés aux manifestants, le gouvernement évoque «une prise de position partiale, subjective et biaisée». Les autorités accusent notamment les experts des droits de l’homme de l’ONU de relayer et d’amplifier «les contre-vérités» sur le Cameroun par le biais de certains médias internationaux (tels que RFI) soit par «pure méconnaissance de la réalité des faits», soit par «simple exploitation du flux des fausses informations, des supputations et autres allégations mensongères distillées par des sympathisants du MRC».