Au cours d'une séance très attendue du Parlement, lundi à Tobrouk (est), la commission chargée du suivi des élections a présenté un rapport concluant qu'il serait hasardeux de fixer une nouvelle date à ce stade, opposant ainsi une fin de non recevoir à la date du 24 janvier proposée par la Haute commission électorale libyenne (HNEC).
La commission a en revanche préconisé la mise en place d'une «nouvelle feuille de route réaliste et applicable, en définissant ses étapes, au lieu de fixer de nouvelles dates et refaire les mêmes erreurs».
Lundi soir, le porte-parole Abdallah Bliheq a déclaré que les 120 députés allaient reprendre leurs travaux mardi et que le directeur de la HNEC, Imad al-Sayeh, serait convoquée lors de la séance suivante, dont la date n'a pas été précisée.
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Dans son rapport lu devant les députés par son président Al-Hadi al-Sghayer, la commission a aussi proposé la mise en place d'une commission chargée de l'élaboration d'une Constitution, supprimée par l'ancien régime Mouammar Kadhafi en 1969, et appelé à «remanier l'exécutif».
Moins de 48 heures avant le jour J, la présidentielle avait été reportée pour des divergences sur la base juridique du scrutin. La même commission parlementaire avait conclu à l'"impossibilité" d'une élection à la date prévue, alors qu'un report était attendu depuis plusieurs jours, sur fond de désaccords insurmontables entre camps rivaux au sujet d'une élection que devaient disputer plusieurs candidats clivants.
"Le même sort"
La HNEC avait, dans la foulée, proposé de reporter d'un mois la présidentielle, au 24 janvier 2022. Dans son rapport présenté lundi, la commission parlementaire n'a pas entériné cette date, choisie selon elle sur la base de considérations "politiques", et estimant qu'une «élection le 24 janvier connaitrait le même sort que celle du 24 décembre».
La HNEC n'est jamais parvenue à publier la liste finale des candidats, son travail ayant été perturbé par les multiples recours pour faire annuler des candidatures contestées, au premier rang desquelles celle de Seif al-Islam Kadhafi, fils du défunt dictateur.
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Dans un communiqué conjoint publié vendredi, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Italie ont réclamé que soit décidé rapidement un nouveau calendrier électoral après le report de la présidentielle en Libye.
Semblant anticiper une résurgence des luttes de pouvoir, les cinq pays signataires du communiqué ont aussi apporté leur soutien à la poursuite du mandat de l'exécutif actuel à Tripoli jusqu'à la tenue effective des élections.
L'ambassade britannique à Tripoli a réitéré cette position dans un communiqué publié dans la soirée de vendredi, suscitant des réactions indignées sur les réseaux sociaux contre cette "atteinte à la souveraineté" du pays.
Lundi, le porte-parole du Parlement a assuré qu'un vote serait organisé lors de la prochaine séance pour déclarer l'ambassadrice du Royaume-Uni à Tripoli "persona non grata".