Malam Ibrahim Dicko, le nouveau visage du terrorisme au Nord du Burkina Faso

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Le 04/03/2017 à 10h47, mis à jour le 04/03/2017 à 10h50

Après l’attaque du camp de Nassoumbou qui a coûté la vie à douze soldats le 16 décembre 2016, les Burkinabè continuent de payer un lourd tribut au terrorisme. La psychose s'installe chez les populations du Nord et l'instigateur des attaques, Malam Ibrahim Dicko, continue de narguer les autorités.

Il est entré dans la liste des tristement célèbres, depuis les attaques ayant fait 12 morts, dans la matinée du 16 décembre 2016, à Nassoumbou dans la province du Soum. En début de semaine, c'est encore lui qui a commis un double attentat dans deux commissariats situés encore au cœur du Soum dans le Sahel Burkinabè non loin de cette frontière malienne si poreuse.

Lui c'est Ibrahim Malam Dicko, plus connu sous son nom traditionnel peulh Malam. Jusqu'ici peu connu, Malam est originaire de Soboulé localité voisine de l'endroit où il a commis son premier attentat.

C'est déjà en tant que jeune élève de madersa qu'il commence à montrer des turpitudes, selon son maîre coranique, Mahamoudou Dicko, basé à Ouahigouya, dans la cette même région du Nord. Juste après ses études coraniques, Malam Dicko se lance dans l'enseignement en fondant une petite école "franco-arabe". Au burkina ce genre de structure assure souvent l'éducation islamique, tout en offrant des notions de langue française.

C'est en tout cas, à ce niveau qu'il commence ses prêches qui prédisaient déjà une radicalisation progressive. Rapidement, sans doute financé par des soutiens, il construit une mosquée dans la ville de Djibo, toujours dans cette province du Soum. Bon orateur, ses prêches finissent par lui conférer un certain aura.

Sauf que l'enfant de Soboulé montre son rejet total de l'islam soufi traditionnellement pratiqué dans toute cette partie du Burkina. Il traite de cafres, c'est-à-dire de mécréants, tous ceux qui célèbrent le Mouloud, l'anniversaire de la naissane du prophète. Ceux qui associent les traditions peules, celles de son ethnie d'origine, aux cérémonies de mariage sont qualifiés d'innovateurs qui ne s'inscrivent pas dans la tradition du Prophète Mohammed. Dans tous ces cas, la sentence de Malam est la même: "il faut tuer les mécréants et les innovateurs". Pour Ibrahim Dicko, "tout ce qui se rattache aux traditions africaines est haram, tout ce qui est de l'occident est haram". Et, bien sûr, "tous ceux qui s'adonnent au haram doivent être destiné au bûcher". 

Par contre, de ses connexions avec les réseaux terroristes de Grand Sahel qui s'étant du Nord Mali au Niger et au Burkina, on ne sait que très peu. Il a juste baptisé son organisation terroriste Ansaroul Islam, "les sympathisants de l'islam". "Un jour, Ibrahim a débarqué à Soboulé, sa ville natale avec plus de 70 kalachnikovs et d'importantes sommes d'argents, en devises étrangères", confie un de ses proches. Il n'a eu aucun mal à alpaguer certains jeunes qu'il avait déjà convaincus par ses prêches de "fou de Dieu".

C'est également grâce à cet argent et aux menaces permanentes de sévir qu'il a plus ou moins l'adhésion de la population. Il compterait beaucoup d'informateurs qui le renseignent sur les moindres faits et gestes des soldats et des représentants de l'autorité publique burkinabè, tout en allant et venant de part et d'autre de la frontière.

Actuellement, il procède par des assassinats ciblés, contribuant à installer une véritable psychose. Le 3 février dernier à Yorsala, dans la nuit, deux individus ont été tués. Vendredi 3 mars, on annonce également la mort d'un enseignement et d'un directeur d'école qui auraient été préalablement menacés viennent d'être éliminés, sans doute par les hommes de Malam. Car, actuellement, Malam Ibrahim Dicko a décrété que l'enseignement devait se faire selon son bon vouloir, en arabe en commençant par les versets coraniques. 

Par Ibrahima Zallé (Ouagadougou, correspondance)
Le 04/03/2017 à 10h47, mis à jour le 04/03/2017 à 10h50