Les motos-taxis prolifèrent dans les grandes villes d’Afrique subsaharienne, en parallèle au développement de quartiers périphériques sous-intégrés, au manque d’infrastructures adéquates, au faible usage de voitures particulières et à la défaillance des services de transport public. Ainsi, ces motos-taxis sont-elles devenues omniprésentes en ville au cours des trois dernières décennies et jouent même un rôle de plus en plus important dans le transport des passagers.
Nonobstant, cette prolifération ne se passe pas sans couacs dans nombre de capitales du continent à cause notamment du chaos apparent de la nébuleuse de ces taxis sur deux roues. En effet, dans de nombreux pays, des tensions opposent autorités et sociétés de motos-taxis dans les grandes villes. De Yaoundé à Bamako, de Dakar à Nairobi, les capitales africaines essaient de se débarrasser des motos-taxis. Ainsi, dans la capitale camerounaise sont-elles simplement interdites de circulation dans le centre-ville. En 2019, le ministre de l’Intérieur du Kenya n’a pas hésité à qualifier les motos-taxis de «menace pour la sécurité nationale».
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Ainsi, les interdictions partielles ou totales des motos-taxis se multiplient-elles au niveau de nombreuses capitales africaines.
Partout, les motos-taxis sont accusés d’être derrière le désordre de la circulation urbaine: non-respect du code de la route, insécurité provoquée par les conducteurs, vol d'objets appartenant aux usagers, accidents multiples… En outre, les motos-taxis contribuent également à la pollution de l’atmosphère.
Pourtant, les motos-taxis ne présentent pas que des inconvénients. D’abord, elles contribuent aux transport des passagers dans les grandes agglomérations urbaines du continent. Ensuite, pour les courses, elles offrent des tarifs globalement plus bas que ceux pratiqués par les taxis classiques. Et certains clients bénéficient même d'abonnements qui leur garantissent des tarifs encore plus intéressants.
Par ailleurs, elles permettent souvent d’aller dans des zones que les taxis ne couvrent pas. En outre, contrairement aux autres moyens de transport (taxis, bus…), une moto met beaucoup moins de temps à effectuer un trajet puisqu'elle se faufile dans les embouteillages qui bouchent les artères des grandes villes africaines. Ce qui en fait un moyen de transport idéal pour ceux qui ont des rendez-vous.
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Enfin, ce métier offre des milliers d’emplois à des jeunes dont certains sont diplômés. Il contribue ainsi à réduire le chômage des jeunes dans les grandes villes. C’est dire que cette activité assure des ressources pour de nombreuses familles et atténue la précarité.
Les motos-taxis répondent donc à une demande sociale importante des populations et des jeunes durement touchés par le chômage. Et en dépit de son caractère précaire et risqué, l’activité génère des revenus conséquents pour les conducteurs de motos-taxis, essentiellement des jeunes sans emploi, et pour les propriétaires des motos.
Malheureusement, dans de nombreuses capitales africaines, c’est la guéguerre entre taxis et autorités d'un côté et motos-taxis de l'autre qui dominent. On reproche plusieurs tares aux sociétés de motos-taxis et plus encore aux conducteurs. D’abord, aux entreprises de ne pas remplir les conditions requises pour pratiquer le transport de personnes. Outre l’absence d’autorisations et surtout d’assurance et de paiement de taxes imposées par les villes, de nombreux conducteurs ne sont pas munis de cartes grises, de permis de conduire et les motos ne sont pas toujours munies de plaques d’immatriculation.
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Les chauffeurs de taxis, pour leur part, accusent les motos-taxis de leur voler leur clientèle, jugeant leur concurrence déloyale. Outre le fait qu'ils cassent les tarifs, les taximen leur reprochent effectivement de ne pas s’acquitter de taxes, comme eux.
Conséquence, ne remplissant pas toutes les conditions requises, de nombreuses sociétés de motos-taxis et de propriétaires exercent dans la clandestinité. Une situation qui pousse les autorités de nombreux pays à exiger des professionnels du secteur de s’inscrire dans la légalité.
Partant des avantages et des inconvénients de cette activité, la présence des motos-taxis est socialement essentielle en Afrique. Et à la place des interdictions de cette activité, les autorités et les responsables des grandes villes africaines devraient surtout travailler à réglementer ce métier essentiel. D’ailleurs, cette activité apparue dans les pays en développement d’Asie et d’Afrique se développe actuellement dans certaines grandes villes européennes où la circulation est de moins en moins fluide. Dans ces pays, cette activité, bien réglementée, est très appréciée par les hommes d’affaires et les cadres qui accordent une importance vitale à leurs rendez-vous avec des services fiables et de qualité. Dans ces pays, le conducteur propose au client gants, casque, pantalon et coupe-vent afin de le protéger en cas de mauvais temps.
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Et c’est à ce niveau que le secteur souffre à cause de l’absence d’institutions stables d’encadrement et de régulation de l’activité. C'est pourquoi le secteur se développe entre le formel et l’informel.
Toutefois, quelques pays essaient d’améliorer la qualité de ce moyen de transport. C’est le cas du Rwanda où ce métier s’est beaucoup développé au cours des dernières années. On y compte environ 35.000 motos-taxis enregistrés à Kigali, la capitale. Et si la plupart sont conduits par des hommes, des femmes aussi exercent cette activité grâce notamment à un projet initié par la ville en partenariat avec une entreprise privée. Ce projet offre gratuitement des motos électriques à des femmes vulnérables comme les célibataires, les divorcées et les veuves.
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En outre, face à la pollution, le pays des mille collines innove aussi en lançant des motos-taxis électriques grâce à une initiative d'une start-up Ampersand qui, en plus d’être une plateforme technologique, assemble les motos, les batteries (conçues et prototypées par les ingénieurs d’Ampersand au Rwanda et qui sont ensuite fabriquées à l’étranger et renvoyées au Rwanda pour le montage) et met en place des stations de recharge. Stations où les conducteurs peuvent échanger leurs batteries vides contre des batteries rechargées. Une innovation qui, en plus de réduire les émissions de CO2, baisse de manière significative la facture en hydrocarbures dans un environnement marqué par la flambée des cours des carburants.
Pour encourager le recours aux motos-taxis électriques, le gouvernement rwandais a mis en place une série de mesures incitatives pour le recours à l’e-mobilité: plafonnement des tarifs de l’électricité pour les stations de recharge, terrains gratuits pour les stations, terrains de parking et de voies de circulation préférentiels pour les motos-taxis électriques.