Des ONG en Guinée portent plainte suite au scandale d'une vidéo de torture

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Le 22/05/2016 à 10h22

Deux organisations non-gouvernementales guinéennes de défense des droits de l’homme se sont saisies de la vidéo de torture qui a accablé les forces de sécurités courant avril pour porter plainte contre les douze agents présumés co-auteurs de l’acte.

L’affaire d’un Guinéen torturé par des forces de sécurité ne sera pas sans suite. L’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH) et Les Mêmes Droits pour Tous (MDT) annoncent avoir porté plainte pour «arrestation arbitraire, séquestration et torture» au préjudice d’un jeune homme de 34 ans dont l’identité n’est toujours pas déclinée.Selon les informations qu’elles ont fournies, la plainte a été déposée le 19 mai devant le tribunal de Dixinn, à Conakry.Pour rappel, cette affaire fait suite à la diffusion sur les réseaux sociaux en avril d’une vidéo dans laquelle des éléments des forces de sécurité se livrent à des actes de tortures sur un présumé voleur, les pieds et les mains attachés à une barre de fer, la tête orientée vers le bas.La vidéo aurait été tournée en mars. Mais cet interrogatoire d’une rare violence avait choqué l’opinion nationale et confirmé la thèse selon laquelle la torture demeure toujours un moyen prisé d’extorsion d’aveux en Guinée.Le gouvernement a qualifié ce comportement d’«odieux et barbare». Il a en outre ouvert une enquête qui s’est soldée par la suspension des 12 gendarmes et policiers de la brigade anti-criminalité N°8 de Conakry.Mais selon les plaignants, ces mesures disciplinaires déjà prises sont insuffisantes et doivent aussi être accompagnées d'une procédure judiciaire indépendante et efficace.Fortement indignées par la vidéo, ces ONG actives dans le domaine des droits humains affirment que le jeune-homme a été «arbitrairement arrêté, sauvagement torturé, détenu avant d’être transféré trois jours plus tard à la Maison d’arrêt de Conakry».Tout en soutenant que rien ne peut justifier le traitement infligé au jeune homme, elles soulignent que ce dernier souffre de multiples plaies et contusions. Et surtout que son intégrité physique et psychologique a été gravement atteinte. «Il est essentiel que les personnes coupables de ces actes odieux soient jugées et condamnées à travers des procès équitables», prévient le président de MDT, Me Frédéric Loua.L’OGDH et MDT, toutes deux affiliées à la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), promettent de suivre le dossier jusqu’à son terme afin d’obtenir la condamnation des auteurs et l’indemnisation de la victime.

Par Ougna Elie Camara (Conakry, correspondance)
Le 22/05/2016 à 10h22