La visite de Mme Baerbock, censée éclairer une future décision sur la participation allemande à la force de l'ONU au Mali (Minusma), a aussi coïncidé avec l'annonce selon laquelle trois Allemands, initialement présentés par l'état-major malien comme des «suspects», avaient été interpellés dans le centre du pays.
Arrêtés au cours du week-end à Diabaly (centre), ils ont été relâchés et se portent bien, a indiqué un porte-parole des Affaires étrangères allemandes à Berlin sans plus de précision. Un diplomate européen les a décrits auprès de l'AFP comme les membres d'une ONG présents au Mali dans le cadre d'un jumelage.
Après une rencontre avec le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, Mme Baerbock a exprimé devant des journalistes la crainte de «crimes de guerre massifs» contre les populations civiles maliennes, suivant un «schéma» observé selon elle de la part des forces russes en Syrie ou en Ukraine.
Son homologue malien Abdoulaye Diop a demandé en sa présence qu'on se garde de tout «amalgame» et affirmé la nécessité de respecter les choix de son pays.
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«Le Mali souhaite travailler avec l'ensemble de ses partenaires, y compris l'Allemagne, la Russie, la Chine, les Etats-Unis», a-t-il déclaré.
Le Mali est plongé depuis 2012 dans une crise sécuritaire profonde malgré le soutien de forces étrangères, et est gouverné depuis 2020 par des militaires arrivés au pouvoir par la force. Ce pays pauvre et enclavé ne connaîtra la stabilité «que si on cesse de repousser constamment la tenue d'élections et surtout, en ce qui concerne la sécurité, si on ne coopère pas avec les acteurs russes», a dit Mme Baerbock.
Elle n'a pas précisé si elle parlait de forces régulières ou de mercenaires.
Elle a invoqué la décision annoncée lundi par l'Union européenne «d'arrêter» ses missions de formation et d'entraînement de l'armée et de la garde nationale au Mali. Quelque 300 soldats allemands participent à la Mission de formation de l'Union européenne (EUTM).
«Nous ne pouvons poursuivre la coopération sans démarcation d'avec les forces russes», a-t-elle dit. Le président russe Vladimir «Poutine mène contre l'Ukraine une grave guerre d'agression contraire aux droits des peuples», a-t-elle enchaîné.
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«Il ne faut pas confondre les choses», a répondu Diop. «Il ne faut pas faire trop d'amalgame à ce niveau: la situation du Mali est la situation du Mali et nous souhaitons que chaque partenaire du Mali aussi respecte les choix du Mali», a-t-il insisté.
Le Mali s'est détourné ces derniers mois de la France et de ses partenaires européens, et tourné vers la Russie. Les Européens dénoncent le recours fait selon eux par Bamako aux services de la société de sécurité privée russe Wagner, aux agissements controversés. La junte dément.
Une "image" de la situation
«Le Mali n'abrite pas de société de sécurité privée comme cela est allégué ici et là. Le Mali a une coopération d'Etat à Etat avec la Russie et une coopération de long terme», a répété Diop.
La France et ses partenaires européens et canadien ont annoncé en février le retrait de leurs soldats. Plusieurs pays ont par ailleurs entrepris de réexaminer leur participation à la mission de l'ONU, qui comprend quelque 14.000 militaires et policiers, dont 1.100 Allemands.
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La chambre des députés allemande doit se prononcer en mai. Dans cette perspective, Mme Baerbock est arrivée mardi au Mali pour se faire une «image» de la situation, a-t-elle dit.
Sa visite suit de près la publication par Human Rights Watch d'un rapport accusant les soldats maliens associés à des combattants étrangers, présumés être russes, d'avoir exécuté sommairement 300 civils entre le 27 et le 31 mars à Moura, une localité du centre du Mali. Les autorités maliennes y assurent avoir mené une opération antijihadiste.
Mme Baerbock a à son tour demandé aux autorités maliennes d'autoriser les experts de la Minusma à se rendre sur place pour enquêter.
La junte a révoqué son engagement initial à organiser des élections en février 2022, et aucune nouvelle date n'est fixée.
L'engagement à rendre le pouvoir «reste», a dit Diop. En attendant, «le gouvernement actuel parle bien au nom du peuple malien et bénéficie d'un soutien populaire», a-t-il assuré.