Union africaine: tout ce qu'il faut savoir sur le sommet de Nouakchott

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Le 24/06/2018 à 16h55, mis à jour le 24/06/2018 à 17h52

Nouakchott, la capitale mauritanienne, accueille du 25 juin au 2 juillet le 31e sommet ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine. Plus de 42 dirigeants africains y sont attendus. Sahara, corruption, Zleca et G5 Sahel figurent parmi les dossiers qui y seront traités.

Après le sommet de la Ligue arabe de 2015 qui a été globalement un échec, Nouakchott compte rectifier le tir avec l’organisation du 31e sommet ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine qui se déroule du lundi 25 juin au lundi 2 juillet 2018 sous le thème: «Gagner la lutte contre la corruption: un chemin durable vers la transformation de l’Afrique».

Les 25 et 26 juin seront dédiés à la 36e session ordinaire du Comité des représentants permanents, les 28 et 29 à la 33e session ordinaire du Conseil exécutif et les 1er et 2 juillet à la 31e session ordinaire de l’Assemblée des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine.

Les autorités n’ont pas lésiné sur les moyens pour assurer le succès de l’événement. Ainsi un centre de conférence flambant neuf, 120 villas et un nouvel hôtel 5 étoiles ont-ils été bâtis à quelques encablures de l’aéroport international de Nouakchott-Oumtounsy. Ce centre de conférences est susceptible de recevoir plus de 60 délégations. 

Pour le président mauritanien qui veut replacer la Mauritanie au sein de l’échiquier diplomatique africain et arabe, cette rencontre revêt un enjeu crucial. Elle constitue également une première pour la Mauritanie.

Le nombre de délégations reçues lors du sommet de la Ligue arabe ayant été jugé trop faible, les autorités mauritaniennes ont ratissé large. Selon Mohamed Lémine ould Cheikh, ministre de la Culture, de l’artisanat, des relations avec Parlement et porte-parole du gouvernement mauritanien, 42 dirigeants africains ont confirmé leur participation à ce rendez-vous. Ce qui à confirmer, sachant que lors du dernier sommet de l’UA organisé à Addis-Abeba, en janvier 2018, seuls 22 chefs d’Etat et de gouvernement s'étaient déplacés alors que les enjeux étaient plus importants. Il est quasi certain que tous les dirigeants des pays de la CEDEAO et du G5 Sahel seront présents. Ceux de l’Afrique centrale aussi sont pressentis. En Afrique du Nord, ceux de la Tunisie et de l’Egypte sont aussi annoncés.

En revanche, la participation du roi Mohammed VI à cette réunion n’a pas été confirmée. C'est ce qu'a indiqué le porte-parole du gouvernement à l’issue de la réunion du Conseil des ministres du jeudi 21 juin courant, démentant ainsi les informations publiées par un certain nombre de médias.

Côté occidental, le président français Emmanuel Macron a déjà confirmé sa présence et est très attendu sur le dossier de la force du G5 Sahel.

Reste à savoir si le volet sécuritaire ne va pas pousser certains chefs d’Etat à annuler leur présence à la dernière minute, comme ce fut le cas pour le président égyptien al-Sissi lors du sommet de la Ligue arabe organisé à Nouakchott.

Concernant les dossiers à l’ordre du jour de cette session ordinaire, il y a tout d’abord celui de la corruption. L’occasion de débattre sur les effets de ce fléau qui coûte 50 milliards de dollars par an au continent et impacte négativement les économies africaines. Pour Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, le mot d’ordre est «gagner la lutte contre la corruption, un chemin durable vers la transformation de l’Afrique».

Les chefs d’Etat reviendront également sur les grands projets de l’UA, notamment la ZLECA (Zone de libre-échange continentale africaine). Si 44 pays ont signé l’accord lors du sommet extraordinaire de Kigali (Rwanda), actuellement, seuls 4 pays l'ont ratifié. Il s'agit du Ghana, du Kenya, du Rwanda et du Niger. Or il faut qu’au moins 22 pays le ratifient pour qu’il puisse entrer en vigueur. Idem pour la création d’un marché unique de transport aérien.

En outre, au-delà des questions techniques et des sujets habituels comme la poursuite de la réforme de l’Union africaine, ce 31e sommet sera marqué par la présentation d’un rapport détaillé sur la question du Sahara, conformément à la décision numéro 653 prise à l’occasion de la 29e conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, tenue les 3 et 4 juillet 2017 à Addis-Abeba, en Ethiopie.

Il s’agit du premier rapport sur le Sahara présenté depuis la réintégration du Maroc au sein de l’Union africaine.

A ce sujet, il faut souligner les visites effectuées par le président de la Commission africaine au Maroc, en Algérie et à Tindouf avant la présentation de ce rapport, sachant que le Maroc refuse toute implication de l’Union africaine dans le règlement de ce dossier du fait que l’Algérie, l’Afrique du Sud et les soutiens du Polisario dominent les instances de l’Union africaine en charge de ce dossier. Ce qui fait que l’Union africaine ne peut pas émettre de jugements neutres sur cette question.

Toutefois, le Maroc ayant été cette fois-ci consulté et puisqu’il siège depuis le 1er avril 2018 au sein du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine que dirige l’Algérien Ismaïl Chergui, certains observateurs pensent que le rapport devrait être plus équilibré.

Enfin, l’autre dossier à l’ordre du jour et qui impliquera le président français sera celui de la lutte contre le terrorisme au Sahel et tout particulièrement de la Force G5 Sahel. Censée être opérationnelle depuis mars dernier, cette force est au point mort. La présence d'Emmanuel Macron visera surtout à remobiliser l’Union africaine.

Nul doute que le président français devra faire face à l’hostilité à peine voilée de l’Algérie sur la création de cette force. D'ailleurs, ce dossier oppose le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, à l’Algérien Ismaïl Chergui qui souhaite le voir piloté par la Commission paix et sécurité de l’Union africaine que l’Algérie dirige depuis toujours.

Par Moussa Diop
Le 24/06/2018 à 16h55, mis à jour le 24/06/2018 à 17h52