«Oui, la situation est difficile et les réserves de change ont diminué pour la première fois en dessous de [la barre de, Ndlr] 80 milliards de dollars, soit 79 milliards de dollars», a déclaré, visiblement très inquiet, le Premier ministre Ahmed Ouyahia.
Et selon lui, c’est sa trouvaille, le "financement non conventionnel", plus communément appelée la "Planche à billets", qui a sauvé l’Algérie d’une "grave crise".
Cette annonce vient confirmer les inquiétudes du ministre des Finances algérien, Abderrahmane Raouia, lequel, lors de la présentation du projet de loi de Finances 2019 en novembre dernier. Celui-ci avait expliqué que les réserves en devises devraient poursuivre leur chute sur la période 2019-2021, pour descendre de 88,61 milliards de dollars en juin 2018 à 62 milliards à fin 2019, soit une chute de 30% en l’espace de 18 mois.
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Pire encore, selon ses projections, en 2020, les réserves en devises devraient se situer à 47,8 milliards de dollars et poursuivront leur baisse à 33,8 milliards de dollars à fin 2021.
A cette date, le niveau des réserves sera inférieur au niveau actuel du volume des importations de marchandises.
Très inquiétant, quand on sait qu’en mai 2014, le niveau des réserves en devises du pays avait atteint 193 milliards de dollars.
C’est dire qu’il y a largement de quoi s’inquiéter de cette dégringolade des réserves en devises du pays.
Pour l’économiste algérien Chérif Belmihoub, qui intervenait sur les ondes d'une radio locale, «il y a toutes les raisons de s’inquiéter» de la chute de ces réserves en devises, soulignant qu’«aussi longtemps que l’Algérie ne diversifiera pas la structure de son économie, de sa balance commerciale, ses importations vont s’en trouver affectées».
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En plus du déficit commercial qui persiste, malgré les politiques restrictives à l’importation, la balance des services, elle aussi, demeure largement déficitaire avec un déficit qui tourne annuellement autour de 12 à 13 milliards de dollars, grevant fortement les réserves en devises du pays, et maintenant le déficit annuel moyen de la balance des paiements autour de 20 milliards de dollars.
A ce titre, malgré les effets d’annonce, l’économie algérienne continue de se reposer sur la rente pétrolière, laquelle assure l’essentiel des ressources fiscales et des recettes d’exportation.
Face à cette situation très préoccupante, le gouvernement a de moins en moins de marge de manœuvre pour faire face à la crise sociale.
En effet, c’est grâce aux ressources abondantes tirées du pétrole que les gouvernements successifs algériens achetaient la paix sociale à coup de subventions, à tout-va.
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Seulement, la baisse des recettes en devises a poussé le gouvernement à pomper, et ce, jusqu’au dernier dinar algérien, les ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR), le fonds souverain algérien, dont les ressources avaient atteint la barre des 32,5 milliards de dollars en juin 2015.
En outre, le gel de plusieurs projets d’investissements à cause de la crise a contribué à détériorer la situation sociale, avec la montée du chômage - et donc de son corollaire, celui des revendications de la population.
Bref, les politiques économiques mises en place par les différents gouvernements ont lamentablement échoué, en ne réussissant pas à sortir l’Algérie de sa dépendance totale vis à vis des hydrocarbures.
Et du fait de la volonté de la classe dirigeante à se pérenniser encore au pouvoir, il est fort probable qu’en maintenant le cap choisi jusqu’à présent, la situation financière difficile du pays s’aggravera dans les années à venir.