Le fait que Ali Haddad et les frères Kouninef, ainsi que leurs complices fassent l'objet d'une enquête, les Algériens applaudissent, à cause de leur proximité avérée, voire revendiquée, avec le clan Bouteflika déchu. Cependant, pour le cas de Issad Rebrab, l'homme le plus riche du Maghreb, les interrogations fusent de partout.
Le site d'information Tout sur l'Algérie craint ainsi "une nouvelle dérive autoritaire", et estime que "la gestion de l'après-Bouteflika est en train de prendre une tournure inquiétante". Le site attend que la justice communique sur cette "arrestation spectaculaire", mais pour l'heure, il faudra se contenter que ce que les médias pro-gouvernementaux algériens en disent.
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Issa Rebrab, capitaine d'industrie, archimilliardaire, a été écroué aux motifs de "fausse déclaration relative aux transferts illicites de capitaux et vers l’étranger, surfacturation d’équipements importés et importation de matériels d’occasion alors qu’il avait bénéficié d’avantages douaniers, fiscaux et bancaires".
Si Tout Sur l'Algérie (TSA) se pose des questions, c'est sans doute parce que Issad Rebrab n'a jamais été en odeur de sainteté auprès du régime de Bouteflika. A maintes reprises, il s'était plaint de persécution. Ses investissements auraient été bloqués, aussi bien en Algérie qu'à l'étranger, soit en interdisant l'importation de ses machines, soit en ne permettant pas le transfert de devises.
D'après TSA, Issad Rebrab est loin d'être le seul dans ce cas. "De nombreux opérateurs économiques, dont des industriels, ont reçu des convocations de la part des enquêteurs de la gendarmerie. Plusieurs services de sécurité mènent également des enquêtes, dans certains cas, menées en dehors de tout contrôle de la justice, et dans l’opacité totale".
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Evidemment, quand les enquêtes sur des citoyens lambda sont menées en dehors du cours normal de la justice, "les risques d'une dérive sont réels", conclut le journal électronique.
Cette situation aura plusieurs conséquences, dont l'une des plus graves est la fragilisation de l'économie, à cause du blocage de la prise de décisions dans les entreprises non financières, mais également dans les banques qui n'accorderont plus de lignes de crédit.
Plus inquiétant encore, de son côté, le site Algérie Part, pour sa part, croit savoir que le ministère de la Défense détient une longue liste qu'il ne tardera pas à soumettre à la justice.
"Les prochaines enquêtes concerneront ainsi, dans un premier temps, Mourad Eulmi, patron du groupe Sovac, Ahmed Mazouz, patron du groupe Mazouz, Mahieddine Tahkout ainsi que Mohamed Baïri [l'ex-vice-président du Forum des chefs d'entreprise, une organisation patronale, Ndlr]".
Beaucoup d'autres suivront, et ils sont tous à la tête de grands groupes, générant un important chiffre d'affaires et ayant créé nombres d'emplois.
Dans un pays comme l'Algérie, qui a été très mal géré, et où, pour réussir en affaires, il fallait être dans les bonnes grâces du régime, il n'est pas difficile de mener une purge contre les plus gros investisseurs du pays.
Bien entendu, le fait de fragiliser les entreprises n'est pas une décision des plus judicieuses, en cette période trouble que traverse le pays.
Ce n'est pas, non plus, la réponse qu'attendent les millions d'Algériens qui sortent tous les vendredis dans la rue pour exiger le départ de cette même nomenklatura qui cherche désormais à noyer le poisson, en menant une purge aussi inutile que dangereuse.