Algérie. Covid-19: les preuves ultimes du bidouillage des chiffres

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Le 16/10/2020 à 18h25, mis à jour le 17/10/2020 à 08h38

Faute de tests reconnus par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les autorités sanitaires algériennes continuent de diffuser des chiffres sans lien avec la réalité. Leur propre institut de la santé vient d'annoncer des chiffres de contaminations largement supérieurs à ceux du ministère.

Officiellement, seuls 53.777 Algériens ont déjà été testés positifs au nouveau coronavirus. C'est du moins le chiffre dont le ministère algérien de la Santé se gargarise dans sa communication officielle au Centre de lutte contre les maladies (CDC) pour l'Afrique, basé à Addis Abeba, en Ethiopie.

Mais, selon les dernières statistiques de l'Institut national de la santé publique algérienne (INSP), les scanners thoraciques ont révélé quelque 94.723 cas de contaminations probables au virus du Covid-19. Ces cas sont considérés comme positifs par le personnel soignant dans les hôpitaux jusqu'à preuve contraire apportée par un test RT-PCR. Seulement faute de réactif et de kits de prélèvement, le pays n'effectue que très peu de tests de ce type. D'où l'inquiétude des personnels de santé algériens.

Ces cas suspects ont-ils été soumis à un test PCR? La chose étant peu probable, où sont donc passés les cas que les chiffres officiels n'ont pas pris en compte?

Il n'est pas exclu que des autorités sanitaires aient décidé de mentir sciemment, prenant le parti de fermer les yeux devant la pandémie et de communiquer des chiffres qui n'ont aucun lien avec la réalité de la situation pandémique dans le pays. Car, il est clair que l'Algérie ne saurait faire exception dans le pourtour de la Méditerranée où chaque pays compte des milliers de nouveaux cas par jour.

Ses deux voisins de l'est et de l'ouest à savoir la Tunisie et le Maroc, beaucoup plus sérieux dans les tests de dépistage RT-PCR, annoncent des chiffres beaucoup plus proches de la réalité avec notamment un niveau de contamination de l'ordre de 2.000 à 3.000 cas par jour. C'est parce que, quand l'Algérie se contente de 400 tests par jour, le Maroc en réalise 20.000 et la Tunisie affiche une moyenne quotidienne de plus de 4.000 tests RT-PCR, selon les chiffres officiels du CDC. Même un pays comme le Sénégal maintient un niveau de test de l'ordre de 1.000 par jour.

Ce n'est pas la première fois que les autorités sanitaires algériennes sont prises en flagrant délit de mensonge concernant les chiffres du Covid-19. En effet, le 8 juillet 2020, le wali de Sétif affirmait à l'agence de presse algérienne que dans sa région, on enregistrait plus d'une dizaine de morts par jour dues au Covid-19, alors qu'au même moment, le ministère de la Santé annonçait à peine 7 morts par jour sur toute l'étendue du territoire.

Des preuves de la déconnexion des chiffres officiels algériens avec la triste réalité sont sans cesse fournies quand des personnes effectuent des voyages internationaux. Cela a été le cas avec les premiers binationaux franco-algériens qui sont retournés en France et qui avait fait craindre à une recrudescence des contaminations. Ainsi, le professeur Eric Caumes de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière a été le premier à tirer le signal d'alarme pour prévenir contre un risque majeur d'infection à cause de l'arrivée massive des Algériens dans les hôpitaux.

Quelques semaines plus tard, la Tunisie a été confrontée au même phénomène quand sur 59 personnes arrivant d'Alger, 19 avaient été testées positives.

Quoi qu'il en soit, désormais, il faudra que les autorités sanitaires algériennes expliquent comment et pourquoi elles laissent de côté plus de 94.000 personnes qui sont révélées positives d'après leur méthode de dépistage privilégié qu'est le scanner thoracique.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 16/10/2020 à 18h25, mis à jour le 17/10/2020 à 08h38