Les combats en cours entre l'armée congolaise et le M23 (pour "Mouvement du 23 mars"), qui ont débuté lundi, se poursuivaient mardi dans la région.
La Mission de l'ONU en RDC, la Monusco, a annoncé en début d'après-midi sur Twitter avoir perdu le contact avec un de ses hélicoptères en mission de reconnaissance dans le secteur. "Les causes de cette disparition ne sont pas encore connues, des recherches sont en cours", a ajouté la mission.
Lundi soir, le général Sylvain Ekenge, porte-parole du gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, avait accusé les Forces de défense du Rwanda (RDF) de soutenir le M23 qui, disait-il, avait "mené des incursions et attaqué les positions des FARDC (Forces armées congolaises) de Tchanzu et Runyoni, dans le territoire de Rutshuru".
Également appelé "Armée révolutionnaire congolaise", le M23 est issu d'une ancienne rébellion tutsi congolaise jadis soutenue par le Rwanda et l'Ouganda, pays frontaliers de cette province en proie depuis plus de 25 ans aux violences de nombreux groupes armés.
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Défait en 2013 par l'armée congolaise, le M23 fait de nouveau parler de lui depuis novembre, lorsqu'il a été accusé d'avoir attaqué plusieurs positions militaires. Le mouvement reproche notamment aux autorités de Kinshasa de n'avoir pas respecté des engagements pris pour la démobilisation et la réintégration de ses combattants.
Invité du Journal Afrique de TV5 Monde, le ministre congolais de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a ensuite employé le conditionnel mais néanmoins enfoncé le clou: "Il est temps de mettre fin à cette forme d'hypocrisie qui existerait ou cette forme de complicité entre le M23 et le gouvernement du Rwanda", a-t-il déclaré, "parce que nous, nous voulons regarder le Rwanda comme un pays partenaire, comme nous regardons l'Ouganda".
Au vu des "affirmations de l'armée" de RDC, a-t-il ajouté, "mon collègue des Affaires étrangères invitera (mardi) l'ambassadeur du Rwanda, pour qu'il vienne nous donner des explications".
"Nous avons peur"
"Nous réfutons catégoriquement les accusations sans fondement" de l'armée congolaise, a répliqué mardi dans un communiqué le gouverneur de la province rwandaise de l'Ouest, François Habitegeko. L'armée rwandaise "n'est en aucune façon impliquée dans les activités belliqueuses" en RDC, a-t-il ajouté.
Pour étayer ses accusations, le général congolais Ekenge a affirmé que deux militaires rwandais avaient été arrêtés durant les attaques de lundi et a précisé leurs identités: l'adjudant Jean-Pierre Habyarimana et le soldat de rang John Uwajeneza Muhindi, alias Zaje, du 65e bataillon de la 402e brigade des RDF.
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Les deux militaires présumés, habillés de vêtements civils, se tenaient près de lui et ont été montrés par la télévision congolaise.
Là aussi, Habitegeko a "contesté ces fausses allégations". Selon lui, les noms de ces deux hommes avaient été évoqués par la partie congolaise lors d'une réunion, le 25 février à Kigali, d'un mécanisme conjoint de renseignement.
Ces deux hommes auraient donc été arrêtés "il y a plus d'un mois", a souligné le gouverneur rwandais, en affirmant de surcroît que l'armée rwandaise ne comptait pas dans ses rangs de soldats répondant aux noms mentionnés.
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Dans un message vidéo, Willy Ngoma, porte-parole du M23, a également affirmé que le mouvement était "congolais" et ne bénéficiait "d'aucune aide, ni de près, ni de loin, d'un quelconque pays voisin".
"Nous avons peur", déclare à Goma Kennedy Bahati, motard de 32 ans, à l'instar des autres habitants du chef-lieu du Nord-Kivu se disant tous "fatigués de la guerre". Le M23, qui avait brièvement occupé Goma il y a dix ans, "revient encore! Il est clair que c'est le Rwanda qui est derrière tout ça et qui a attaqué", accuse Michael Milingano, vendeur du carburant.
Depuis l'arrivée massive en RDC de Hutu rwandais accusés d'avoir massacré les Tutsi durant le génocide de 1994, le Rwanda a été régulièrement accusé par Kinshasa d'incursions au Congo et de soutien à des groupes armés dans l'est du pays.
Les relations se sont apaisées avec l'accession au pouvoir début 2019 de Félix Tshisekedi, qui a rencontré à plusieurs reprises son homologue rwandais Paul Kagame. Mais le regain d'activité du M23 a ravivé le soupçon.