L’Ethiopie et de nombreux pays d’Afrique de l’Est sont durement touchés par des sécheresses aigues. Une situation qui porte préjudice au programme de remplissage du réservoir du barrage de la Renaissance (GERD - Grand Ethiopian Renaissance Dam) de 74 milliards de mètres cubes d’eau. Si ce remplissage a été entamé avec une première opération en 2020 et une seconde en 2021, pour un total de 8 milliards de mètres cubes d’eau retenus, en raison de l’absence de pluies cette année, le remplissage additionnel risque d'envenimer les tensions entre les trois pays.
Pour autant, les autorités éthiopiennes ont prévu un troisième remplissage du réservoir dans les mois à venir. Ainsi, «l’eau qui s’écoule dans le réservoir restera dans le barrage. C’est la manière habituelle de remplir de tels projets», a soutenu Kifle Horo, directeur général du barrage de la Renaissance, dans un entretien accordé à Al Arabiyah Monday, soulignant ainsi une baisse du flux d’eau du Nil Bleu, principal affluent du fleuve Nil, qui prend sa source en Ethiopie, vers l’Egypte et le Soudan.
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Les pays en aval, à savoir l'Egypte et le Soudan, seront très affectés avec une baisse inquiétante du débit d’eau du Nil, sachant que l’affluent éthiopien (Nil Bleu) est à l’origine de plus de 80% des eaux du fleuve traversant l’Egypte. Déjà, selon des données satellitaires, le volume du réservoir a baissé à 7 milliards de mètres cubes en avril dernier. Une baisse qui s’explique par l’évaporation et l’utilisation de 30 millions de mètres cubes d’eau quotidiennement pour faire fonctionner la turbine installée pour produire de l’électricité.
Partant, la sortie du DG du barrage de la Renaissance suscite déjà des inquiétudes au niveau de l'Egypte et du Soudan, qui dénoncent l’absence d’un accord juridiquement contraignant qui règlemente le remplissage du réservoir du barrage en période de sécheresses et de sécheresses aigues.
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L'annonce concernant l’absence de flux d’eau du Nil Bleu vers le Nil risque d’envenimer encore plus les relations déjà tendues entre l’Egypte et l’Ethiopie. Le pays des pharaons s’est toujours dit préoccupé par le maintien de sa part d’eau de 55,5 milliards de mètres cubes du fleuve avec la construction du barrage éthiopien.
Le Soudan a réagi en qualifiant les déclarations du patron du GERD d’«irresponsables» pour ne pas avoir pris en compte la position de Khartoum avant ce troisième remplissage du réservoir du barrage, tout en admettant que ce troisième remplissage pourrait affecter les pays en aval.
Ce remplissage devrait avoir lieu en août et septembre prochain, selon les autorités éthiopiennes. «Il est surprenant que le responsable éthiopien ne se soit pas soucié des dommages potentiels pour la partie soudanaise, malgré sa reconnaissance de la possibilité que le Soudan et l’Egypte soient affectés par le troisième processus de remplissage, ce qui indique que l’Ethiopie veut aller de l’avant avec ses précédentes positions unilatérales», a déclaré le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ali Al-Sadiq Ali.
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En dépit de cette situation, la construction du barrage de 4,8 milliards de dollars se poursuit et le responsable éthiopien a fait savoir que le barrage sera équipé dans quelques semaines de sa deuxième turbine. En février dernier, lors de l’annonce du démarrage de la production d’électricité du barrage, l’Egypte avait souligné que «la décision éthiopienne est une nouvelle mesure unilatérale qui s’ajoute aux opérations unilatérales de remplissage des années 2020 et 2021», expliquant qu’il s’agit d’une violation de l’accord de la Déclaration de principes de 2015 signé par les trois pays sur le barrage.
A terme, le barrage sera doté de 13 turbines d’une capacité totale de production d’électricité de 5.150 mégawatts (MW). Au départ, il était prévu de produire 6.450 MW avec l’installation de 16 turbines.